mercredi 22 février 2012

Emissaire


Émissaire.
J'apprends que des troupes sont envoyées à Fort Bélier et je constate, sur le chemin, vers Braganza, que les contrées du Molthune sont relativement désertes.
Des pensées étranges m'habitent. Qu'est-ce qui fait un paladin ? Qu'est-ce qui fait l'amour ? Le séjour au monastère et les techniques que j'ai apprises m'ont permis de faire la paix, d'apprendre à essayer de maîtriser quelqu'un sans le tuer, une chose que j'ai toujours voulu savoir faire. Mais qui peut-on maîtriser si on ne sait pas se maîtriser soi-même.
Je suis entre deux mondes, je suis un homme et j'ai été si longtemps une femme.
Je suis un humain et je suis aussi un elfe, une nature que j'ai réprimée au temple, plus hédoniste, plus à l'écoute des sens et de la nature. En voulant retrouver cette féminité oubliée, je me suis laissé aller à ce côté de ma nature qui me manquait tant.
Je dois faire la part des deux « moi ». Le paladin était la femme et l'humaine. Le moine est l'elfe et l'homme, l'homme qui veut faire tout se rejoindre.
Ma sœur, le désir de retrouver ma sœur me gagne aussi, la sauver d'une malédiction pour laquelle je suis sans doute rentrer dans le temple.
Et la déesse, ma déesse, ma déesse et Sarenrae... On ne peut impunément supporter tout. J'ai supporté les pires tortures mais j'ai ressenti quelque chose que je n'aurais jamais pensé ressentir lorsque j'étais une femme en face des deux déesses. L'amour.
Il n'y a plus que ma déesse ou parfois Sarenrae qui occupe mes pensées.
Sur le chemin, maître Gal m'indique qu'il y a eu une grande discussion avec les maîtres et l'ordre de Molthune. Quoi faire avec les orques ? Comment réagir ? Je me sens tout petit dans ce conflit qui dépasse mon échelle.
A Braganza, l'arrêt est sympathique, les auberges sont joyeuses...
On apprend que les frontières avec le Nirmathas sont gardées partout...
Sigmund remarque un type tatoué dans la rue... qui traîne avec un elfe noir.
Je me fais tatouer la déesse, je l'aime. Je l'aime, je n'y peux rien. Aucune femme ne peut l'égaler. Je veux affirmer la femme hédoniste en moi aussi bien que l'homme pur. Le tatouage, être torse nu, fumer de l'herbe hobbit, c'est être en accord avec toutes mes natures.
Je suis de deux races, de deux sexes, de deux directions... Aucune ne me semble meilleure qu'une autre. Et j'ai appris que parfois l'homme doit pouvoir se lâcher. Se reposer. La discipline a tout bout de champs fait de nous des machines.
Un messager arrive, me sortant des brumes dans lesquelles je m'imagine rejoindre le palais de ma déesse.
Maître Gal me nomme comme émissaire pour aller négocier au Nirmathas... L'intention de mon ordre est de savoir qui aider, comment, quelles sont les intentions des deux contrées en guerre depuis si longtemps...
J'apprends aussi que le Nidal a envoyé un émissaire au Molthune... pour éventuellement contrer une alliance de mon temple avec le Nirmathas... Je me fais déjà une opinion. Le Molthune ne me semble pas jouer comme il faudrait. Laisser le Nirmathas se faire envahir par les orques puis massacrer les gens qui fuieraient vers leurs frontières. Jouer un épuisement de l'armée orque et la destruction de leurs ennemis. La loi n'est rien sans la bonté. Leur oligarchie, leur système politique ne me semble pas vertueux.
On file à Fort-Bélier. J'essaie d'apprendre à Eléna à se défendre un peu, il apparaît qu'elle a quelques dons de magie et qu'elle sait se protéger comme le savent si bien les ensorceleurs.
Les armées de Molthune campent devant la ville. J'ai demandé à ce que mes compagnons reçoivent un statut de mercenaires, mais ils n'ont pas encore de chevaux. Ce n'est pas grave pour l'instant, nous irons ensuite dans une forêt. Mais au plus tôt, c'est ensuite un achat que je ferai pour eux...
Fort-Bélier domine une colline qui donne sur le bois hanté.
On aperçoit un type qui arbore le blason des familles Nidal... dans le grand hall du palais de la ville.
On finit par croiser un homme en armes, d'importance, le général Ackard.
Il nous demande les intentions de notre ordre, je lui indique que mon ordre n'est pas là pour les aider à massacrer le Nirmathas. Je n'aime pas tellement le bonhomme, il se comporte déjà comme s'il avait conquis le Nirmathas. Je pensais que j'aurais d'autres ordres en arrivant ici. Mais non. De fait, je suis bien nommé émissaire de mon ordre et les décisions que je prends, c'est en leur nom. De toutes les manières, avec la guerre qui vient, le temps n'est pas aux décisions longues, à un long conseil de maître. Je sais qu'un ordre comme le mien ne se commettrait pas dans un conflit entre deux pays en massacrant de plus une nation sous l'égide du bien.
Sigmund tente de se transformer en garde pour intercepter la conversation entre le général Ackard et l'envoyé du Nidal pour apprendre la neutralité de cette nation.
La fouine d'Arthur a aussi intercepté des paroles... Le Nidal n'interviendra pas dans le conflit avec le Nirmathas, mais en ce qui concerne l'ordre d'Iomedae, ça...
Mes compagnons reçoivent un statut de mercenaires... Mais pourquoi n'ai-je pas songé à leur demander des chevaux encore une fois ? Un signe qu'ils nous seraient inutiles en traversant la forêt hantée qui doit nous mener au Nirmathas ?


Nous pénétrons la forêt.
A six.
Isaac, Eléna, Jorus, Arthur, Sigmund et moi.
Je n'ai pas pris la peine de demander à mon dieu de détecter les morts-vivants. A la place, j'ai choisi de me protéger contre le mal et de pouvoir rendre tangible des créatures incorporels.
Bien m'en prend mais ce qui nous attend dans les bois est trop fort pour nous.
En premier viennent des squelettes, huit, facilement détruits par la magie de mes compagnons.
Puis attaquent trois nécrophages, des monstres plus difficiles à abattre.
Plus difficiles, mais qui ne sont rien comparés au spectre et au démon des ténèbres qui finissent par nous tomber aussi dessus.
La magie de combat de Jorus se déchaine, son blaireau et un rat sanguinaire le protègent des nécrophages. Isaac dévoile un étrange trait de sa personnalité, le genre à foncer à un contre dix.
Arthur montre son talent à l'arc. Eléna fait ce qu'elle peut avec ses sorts offensifs et Sigmund qui ne cesse de se faire attaquer malgré tout ce que je fais pour le protéger se résout à la fuite, invisible. Mais les créatures qui ont plongé mes compagnons dans les ténèbres n'ont pas vraiment cure de ne pas voir leur cible, ils savent détecter ce qui ne se voit pas.
J'ai réussi à verrouiller le combat contre le spectre mais c'est le démon des ténèbres qui finit par déchiqueter le pauvre Sigmund.
Arrivent alors des dizaines de flammes dans les bois, une cinquantaine de créatures portant des torches qui font fuir le démon, le spectre et les deux nécrophages encore debouts.
Une cinquantaine de créatures qui nous demandent de déposer les arbres et qui assomment Isaac incapables de se rendre à elles. Et pour cause. Des elfes noirs.
La chef des elfes noirs mène sa troupe jusqu'à des cavernes mais avant qu'on ne s'enfonce tous dans les ténèbres de l'Ombre-Terre, nous l'apercevoins avoir une discussion avec l'envoyé du Nidal et un homme étrange dont l'aura nous fait penser à Namtar.
De Charybde en Scylla.
Asmodée, Sarenrae ou Gozreh n'accepteront certainement pas que Sigmund soit mort.
Namtar a forcément un plan pour nous, sinon nous aurions été tous massacrés.
Je trouve un peu étrange qu'on ne nous ait pas permis de ramasser le cadavre de Sigmund.
Et au-delà de la mort, peut se réveiller même la mort.
Je devrais être mort de peur pour mes compagnons.
Je devrais m'inquiéter.
Je devrais m'interroger sur ce qui va arriver à l'esprit de Sigmund.
Mais non, prisonnier de nouvelles chaînes, je me souviens que je sais me battre dans le noir, que je sais me battre sans armes et je sens la chaleur du tatouage de ma déesse sur mon flanc.
J'espère que maître Gal a pu recevoir le message concernant notre capture que j'ai envoyé lorsque j'ai vu les elfes noirs, que l'anneau remis par le maître fonctionne aux pensées avant que légitimement les elfes ne nous dépouillent de toutes nos affaires magiques après avoir lancé sur nous des sorts de silence.
J'espère que mes rêves comme toutes les nuits me porteront vers la Déesse. Que
les rêves de mes compagnons les porteront eux-aussi vers le Dieu qu'ils vénèrent.
Il existe un autre monde dans nos têtes. Plus fort lorsqu'on a de l'amour pour son Dieu que toutes les tortures que les engeances des ténèbres pourraient nous infliger.
Quel est notre rôle dans le plan de Namtar ?
Je serais paranoïaque, je me demanderais si Asmodée n'est pas en train de manipuler Serenrae et Gozreh et ne travaillerait pas de fait avec Namtar.
Je ne suis pas paranoïaque. Je ne suis pas un être de réflexion puissante. Je suis un être d'instinct.
Le moment venu, je m'adapterai.
Qui suis-je pour tenter de percer les machinations des puissants ?
La guerre, éviter la guerre. C'est tout ce qui importe, n'est-ce pas, lorsqu'on est paladin et moine du lotus...
Le lotus.
Si je m'en sors, je me ferai tatouer un lotus au-dessus de la marque d'Asmodée sur mon omoplate.
Je ferme les yeux. J'inspire.
Au moins, l'esprit de Sigmund a peut-être une chance, au moins Eléna, la fiancée d'Arthur, s'est-elle sauvée.
Il y a toujours de la lumière. Partout. Même au cœur des plus profondes ténèbres.

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