mercredi 28 octobre 2009

La folie de la Forêt.

Deuxième lettre d'Ardan.

Cher Eostril, c'est avec le cœur un peu plus léger que la dernière fois que je t'écris.
Je...
Non... Je n'ai pas le cœur léger. Pas du tout. Ou enfin, pas en ce qui concerne les problèmes qui rongent cette région.
Une région qui menace de s'enflammer mon oncle. Il y a un seigneur, celui d'Elkrin (dont je t'ai parlé un peu dans la précédente lettre) qui arrive à asseoir d'une manière peu rassurante sa politique. Ses troupes repoussent facilement les elfes fanatiques qui habitent les bois et poussent ces derniers à attaquer les villages autour de Dehontel. Il y a une grosse anguille sous roche. J'ai dû mal à imaginer qu'il n'y ait pas une manipulation à une échelle que je ne peux pas pour l'instant comprendre.
Mais vois-tu, devant ma plume, les cheveux soulevés par le vent, la fraicheur matinale faisant frissonner mes doigts, je n'ai pas la certitude d'avoir la main assez ferme pour t'écrire toutes mes aventures. Il y a une chose que j'ai apprise qui va exiger que je raffermisse ma volonté comme jamais, mon oncle.
Mais je vais y revenir.
Pour te résumer les choses, avant de passer à ce trouble qui me ronge, voici ce qui nous est arrivé.
Nous avons perdu un des gardes que nous devions protéger. Pas Tarek, le père du petit Tobby. Mais n'empêche. Ce n'est pas facile de se rendre compte qu'on n'a pas fait son travail au mieux. Surtout que le pauvre gars, un dénommé Harvan, est mort simplement écrasé par la poutre du refuge que les elfes fanatiques avaient brûlé.
A HautBois, ensuite, nous avons été rejoint par un dénommé Garesh, un ogre parlant l'infernal (c'est normal chez ceux de sa race) et disciple de Lathandre. Le seigneur de l'Aube. Un des dieux donnant le plus à ses fidèles pour repousser les morts-vivants. Je dois dire que j'ai bien sympathisé avec le Garesh en question. Sans doute une histoire de philosophie, d'éducation qui permet de transcender les origines ou un éventuel poison du sang et puis, aussi, ma curiosité pour le mécanisme de la Foi. Comment est-on choisi ? Comment est-on appelé ? Quelles qualités de l'âme sont nécessaires pour être guidé par ceux qui veillent sur nous depuis l'Empirée ?
Hautbois. Je ne sais plus très bien comment s'est passé le début de soirée, occupé que j'étais à discuter avec Garesh pendant que Rayan et Dédé (qui s'appelle Gaël en fait, mais j'aime bien Dédé, ça lui va bien) s'occupaient sans doute à gagner quelques monnaies. Je ne sais pas trop pourquoi Selaque et Celestiel firent un tour dans les bois, rencontrèrent des elfes en assez grand nombre et se firent accompagner, à leur retour par une délégation elfique comprenant 26 membres. Enfin, je ne sais pas trop pourquoi. Si. La mort. Même Kelemvor a dû pleurer cette nuit là. Lorsque les elfes sont arrivés en grande pompe au village, j'ai voulu entamer des négociations, essayer d'expliquer ce qu'il en était de la politique du seigneur d'Elkrin et de voir s'ils ne se sentaient pas manipulés. Mais peine perdue. Une attaque de lâche, dans mon dos. Quelqu'un qui crie « A la Garde ». Et le combat qui fait rage et fureur. Le feu et les flammes des deux côtés ; l'eau, les éclairs et le vent aussi pour Selaque qui s'est également évertuée à éteindre les incendies déclenchés par Garesh ; les gardes de la cité trop rapidement ; la haine dans les yeux des elfes ; la nécessité de prendre la forme de la bête... Forme de la bête à laquelle je dois mon salut lorsque Garesh, Rayan et moi prîmes une boule de feu adverse. Je m'en veux de ne pas avoir pu protéger ce pauvre Rayan. Mais je me demande, de toutes les manières, s'il n'a pas gagné au change. Connaître la mort semble l'avoir rapproché d'une certaine forme de spiritualité liée au bois ou aux royaumes féériques lorsque les dieux ont accepté qu'il revienne sous la forme d'un satyre.
Enfin tout ça pour dire, mon oncle, que le carnage fut tel qu'il ne restait de vivant, à part notre petite équipe (Rayan excepté), les deux elfes que j'avais capturés, mon nain prisonnier et nos trois caravaniers, que le chef du village, deux hommes et cinq femmes.
J'ai eu beau essayer de faire entendre raison aux elfes capturés, quand je les ai relâché et qu'ils ont compris qu'ils devaient la vie à un mélange d'elfe et d'humain, ils ont préféré se suicider. Se suicider, tu entends ça mon oncle ? Devant moi, avec une dague dans la gorge. Ce n'est pas comme ça que sont élevés les elfes, bon sang. Ce n'est pas possible qu'il n'y ait pas une sorte de magie obscure en œuvre. Je suis de plus en plus persuadé qu'ils doivent avoir un chef, quelque part, qui distille un si puissant poison de l'âme que ceux qui le boivent n'ont plus aucune chance d'entendre la raison.
Au cours de notre retour vers Dehontel, je fis un rêve concernant un bouclier et Tyr. Je ne savais pas que le symbole du bouclier était aussi bien associé à Tyr, j'étais plutôt resté sur cette histoire où le Dieu se fait dévorer la main par le chien du chaos.
Mais passons. Je suis vraiment, vraiment troublé et j'ai peine à écrire vois-tu. Aussi, vais-je te résumer succinctement le reste. Le retour à Dehontel permit plusieurs choses :
Livrer le nain captif à V.
Discuter avec des gardes de la ville et voir une garnison entière filer vers HautBois. Une garnison efficace que nous avons retrouvée plus tard, avec prêtre et magicien embarqués.
Négocier le fruit de ce que nous avions pillé sur les cadavres des elfes pour payer les onguents nécessaires à la réincarnation de Rayan. On avait pas assez pour payer une résurrection.
Accepter pour moi, Selaque et Celestiel que quelqu'un sonde notre esprit afin de savoir ce qui s'est passé. Pourquoi avions-nous tous un trou de cent ans ?
Accepter de donner une partie de nos gains pour la famille du caravanier.
Découvrir la nouvelle forme charnelle de Rayan, un satyre. Il doit avoir été béni d'un Dieu car il n'existe pas une race en ce monde qui puisse aussi bien représenter la profession de barde.
Découvrir que nous n'avions pas disparu hors du temps mais que nous avions été captifs, Selaque, Celestiel et moi, pendant plusieurs dizaines d'années.
Et se poser des questions. Qui nous a libérés ? Qui nous a capturés ? Qui est cet elfe noir que j'ai vu me retenir captif ? Qu'avons nous fait pendant toutes ces années et pour le compte de qui ?
J'ai 123 ans, mon oncle. 123. Pas 23. Tu te rends compte du choc ? Où sont mon père et ma mère ? Depuis combien d'années est mort mon grand-père ? Es-tu seulement encore en vie ?
J'ai vu dans les archives du temple de Tyr que mon nom, le tien et celui d'Arkan, mon père, étaient inscrits. Nous avons eu l'occasion d'être des paladins, avant le temps des troubles. Te rends-tu compte ? Avant le temps des troubles et ce qui est arrivé à Mystra. Le bouclier dans le temple de Tyr, la flamme bleue, tout cela est un appel de plus en plus vibrant en moi. Mais comment prendre les armes et l'armure, même si je suis capable de les porter, alors que je me sens infiniment plus à l'aise sans les deux ?
Retrouverai-je des objets, des échos ou des gens de mon passé ?
Tu comprendras que le reste de l'aventure, je l'ai vécue un peu dans les brumes, mon oncle.
La mission donnée par V. d'essayer de résoudre le problème des fanatiques allait de soi.
Explorer le village des fanatiques que nous avions massacrés était simple aussi. Selaque et Celestiel connaissaient le chemin. S'enfoncer dans des grottes après avoir trouvé un plan lors de la fouille du village des fanatiques semblait un piège mais d'autres membres de mon groupe étaient plus sur leurs gardes que moi. Par contre, découvrir un autre membre du clan, Azek Taureau Tonnerre, dans une geôle, prisonnier depuis je ne sais combien de temps et empoisonné sans espoir pour l'instant de trouver un antidote, ce fut pas loin d'être la goutte d'eau. Je n'avais pas envie de continuer à explorer les grottes avec mes compagnons, je voulais rester auprès d'Azek pour trouver un moyen de le soigner, et parler de ce qui lui était arrivé.
J'ai manqué d'attention lorsque mes compagnons ont chargé sans poser de questions d'abord sur deux elfes portant le symbole de Corellon Larethian. Corellon est un dieu de la guerre, certes, il a volé l'oeil du Dieu des orques, mais c'est aussi un représentant du bien. Il ne peut pas avoir de sectateurs mauvais. Il ne faudra pas que ça se passe comme ça la prochaine fois, même si de fait, grâce à une divination de Garesh en cours de combat, nous pûmes nous rendre compte que les elfes étaient mauvais. Ce n'est d'ailleurs qu'à ce moment là que je suis intervenu. Les elfes auraient été bons, j'aurais sans doute tenter d'assommer mes compagnons pour protéger les infortunés.
Ah mon oncle, j'ai mal. Je suis à la croisée des chemins. Le doute me ronge. Tyr m'appelle. C'est donc qu'il doit juger que je suis apte à le servir. Mais comment retrouver tout ce que j'ai appris et oublié ? Comment apprendre à devenir aussi bon à l'épée qu'avec mes poings. Je ne suis pas le plus musclé des guerriers, mon oncle. Je n'ai pas l'enveloppe très massive de ceux du Sang de lune. Même si je sais que ce n'est pas une condition obligée. Azek est un elfe et il a le change forme. Ce n'est pas tant le nouveau challenge qui me fait peur que l'angoisse d'être moins à la hauteur face à l'ennemi. Angoisse. C'est irrationnel, mon oncle. Si je suis choisi, je n'ai pas à en avoir. Je crois que je suis surtout bouleversé par toutes ces révélations et que ce qui me fait peur c'est de ne pas savoir ce que j'ai bien pu pouvoir faire pendant 100 ans et de réaliser à quel point quelqu'un a eu les moyens de me diminuer.
Si je dois être un paladin, mon oncle, j'espère que je saurais aussi bien manier le verbe que le poing, l'épée que le bouclier, la sagesse que l'intelligence. Je dois d'abord trouver un bouclier. Ou un symbole de ce bouclier. Et ensuite, je saurai la route à suivre. Ça sera clair. Mais en attendant, j'ai envie de pleurer un peu les morts. Tous ceux qui sont partis pour rien sous l'autel aveugle du racisme le plus pervers.
Et je vais rêver que je cours dans les bois en compagnie du loup de Selaque et que j'arrive à me retrouver au centre, dans la clairière, où se tiennent mes quatre visages. Celui d'un diplomate avide de connaissances, celui d'un moine à la recherche de lui même, celui d'un paladin désirant servir la cause de son Dieu et celui d'un sage animal qui apprend à accepter sa place dans la forêt.
La route est longue, mon oncle. Très longue, et ce d'autant plus qu'elle l'a déjà été.
Je croise les doigts pour qu'on puisse sauver Azek et que jamais le partage d'un trésor (mais je n'ai rien pris, ni voulu jusqu'à présent) ne conduise à la dissolution du groupe que j'ai rejoint.
Et je t'écrirai une autre lettre bientôt.
Quel autre choix est-ce que j'ai ? Hein ?

vendredi 23 octobre 2009

La « vision » de Rayan :

Par Rayan aka "Le Mexicain"

Toujours à la recherche d’argent facile à faire, en arrivant aux alentours de Dehontel, après avoir été me recueillir sur la tombe de ma mère, je tombe sur l’ami « Claudio ». Celui m’explique qu’en allant à l’échoppe du « Marteau de Fer », demander un certain « Varasc », j’aurais la possibilité si je suis retenu de faire plusieurs missions, à chaque fois « bien rémunérées », lui-même ne pouvant profiter de cette offre car recherché à Dehontel. Selon Claudio, la seule chose que je devais savoir de mon éventuel futur employeur, c’était qu’aussi bien il laissait sa chance à tous, en d’autres termes, faisait confiance aisément, aussi bien, il était à cheval sur les principes, et ne pardonnait le genre d’écarts dont tant Claudio que moi-même étions en règle générale, nous dirons… plutôt coutumiers…
Après avoir remercié Claudio et lui avoir souhaité bonne chance dans sa fuite sur ses poursuivants s’il s’en trouvait, je lui laissait les 3 poules que j’avais sur moi, pour son périple, ainsi que pour faire bonne impression à l’employeur éventuel auquel venait de m’adresser Claudio, et dont la description, déjà m’évoquait le respect, ce qui n’allait pas être démenti par la suite.
Sur ces entrefaites, je me rendis de ce pas, à l’échoppe du « Marteau de Fer ». Là, je m’arrêtais bouche-bée devant une véritable déesse. Tout à mon admiration, je fut convié par un elfe « au visage à moitié ravagé par le feu », à me décaler afin de lui permettre de passer. Il est vrai que je bouchais le passage. M’exécutant, je remarquais alors un être « malodorant » dont la capuche et la cape nous dissimulait tout de lui, qui comme moi auparavant était tombé sous le charme de cette vision d’enchantement aux oreilles « anormalement longues », ce qui renforçait encore son « charme » !!! Comme je repensais à la divine « créature », aussitôt mon regard revint à « elle », et là, une fois de plus, le charme opéra…
Quand, je ne saurais dire quand exactement, mais certainement peu de temps après à en juger par le très léger mouvement des ombres du à la position du soleil, entre le moment où je « la » vis et celui où un petit garçon nous invita à le suivre, un petit garçon nous invita à le suivre.
Sur les pas du gamin qui courait comme un beau diable, « elle », le « masqué », le « ravagé à demi », et un autre, que je n’avais pas remarqué avant, avec un bonnet sur sa tête. Appelons-le le « couvert » !
Donc, tous autant que nous sommes, nous suivons le gamin, passant par ici, puis par là…, jusqu’à arriver dans un couloir couvert de signes auquel je ne comprends rien, débouchant dans un salon somptueux où l’on retrouve ces mêmes signes bizarres autant qu’étranges. Un salon où nous attendent de confortables fauteuils, ainsi que notre hôte, Varasc en personne !
Ce dernier est étonnamment jeune ! Plus étonnant encore, il ne semble pas sensible au « charme » de la divine « créature » qui aimante mon regard. En fait, c’est plus qu’étonnant, c’est carrément impressionnant, en à mon avis extrêmement inhabituel !... Mais où donc m’avait envoyé Claudio ? Outre le plaisir de « l’ »avoir rencontrée et la chance de voir tant de beauté autour de moi, dans ce salon dans lequel nous nous trouvions, je commençais un peu à regretter « mes » 3 poules que j’avais laissées à Claudio, pour l’aider dans sa fuite !
Puis il y eut un tour de table où chacun se présenta, après toutefois que Varasc nous ait confirmé sans connaître aucun d’entre nous, qu’aucun parmi nous, même « celui qui sentait mauvais », n’était mauvais, nous révélant par la même, la raison des glyphes bizarres, dans le couloir et le salon. Cela rajoutait encore à l’aura du personnage, nous faisant sentir à ses côtés, tels des insectes. Du moins je pense qu’à ce moment-là, mon ressenti était partagé.
« Elle » fut la première à prendre la parole. « Elle » s’appelait Silaque, et était disciple d’Astar, un illustre inconnu en ce qui me concerne. Cet Astar venait de décéder, ce qui sembla faire de la peine à notre hôte autant que je puisse en juger ! Avant de mourir, Astar avait demandé à sa disciple d’aller trouver notre hôte et de lui remettre le parchemin qu’elle tendit à ce dernier. Une lettre de recommandation sans doute. Quoique, vu les brèves réflexions que cela inspira à notre hôte, il devait également y avoir de l’information. Laquelle ? Cela ne m’intéressait absolument pas, tout à la contemplation de « Silaque » que j’étais, étant tout de même, en présence d’inconnus, et face à un hôte, au moins aussi fascinant, particulièrement attentif, juste un peu moins que d’habitude, aux autres personnes présentes.
« Elle » avait un prénom ! « Silaque » ! Il faudra que je pense à lui dédier un poème. Non, plusieurs poèmes… Mais d’abord, voyons ce qui « rime » avec Silaque…
J’étais sur le point de trouver la première rime quand « l’elfe au visage, à demi ravagé » se présenta à son tour ! « Elfe des bois », « son » Bois ainsi que « son » groupe avait été dévasté par un Dragon !!! A ce moment-là, je ne sais pas pourquoi, j’ai pensé que peut-être il avait été présent au moment du « massacre », réussissant par une chance incroyable, à survivre, mais avec le visage, à jamais défiguré, par le feu du terrible assaillant. Mais comment en être sûr ? Et d’où me venait cette idée ?
A l’évocation du Dragon, « l’homme au bonnet » qui, j’allais m’en rendre compte plus tard, était loin d’être ce qu’il paraissait !, expliqua que le même genre d’évènements, un Dragon massacrant sa tribu, dans la forêt, l’avais poussé à rencontrer notre hôte. Quoique, dans son cas, ce n’était pas exactement sa tribu, mais une tribu avec laquelle son grand-père avait des attaches. L’un comme l’autre, remirent eux-aussi à notre hôte un parchemin, si bien que j’avais l’impression d’être venu les mains vides, ce qui était bien le cas d’ailleurs !
« L’elfe au visage à demi ravagé » s’appelait Célestiel, tandis que « l’homme au bonnet »répondait au poétique nom d’Ardan Sang de Lune. Le nom « idéal » pour le « héros » d’un de mes poèmes « épiques » ! Qui plus est, ce dernier évoquait avec Varasc, l’ordre des « ménestrels » dont parlent quelques fables… Quel personnage étrange ! Est-il demeuré en enfance ?...
C’est alors que notre hôte s’adressa à moi !
Tout d’abord il me demanda de quelle manière j’avais été adressé à lui.
Je lui expliquais que c’était Claudio qui m’avait recommandé !
Il s’étonna que ce dernier ne se soit pas encore fait prendre suggérant que cela risquait fort de ne pas durer !!
Là, plus encore qu’auparavant, je recommençais à penser à Claudio, à mes poules, à ce que je faisais là, tout simplement !?! Et je n’avais vraiment aucune réponse…
C’est alors qu’il recommença à m’interroger : Quelles étaient mes compétences, quelles étaient mes motivations ?
Je lui répondis sélectionnant bien mes mots mais sans perdre trop de temps, que ma motivation était de m’« enrichir » en accomplissant les différentes tâches qu’il voudrait bien me confier, sachant que j’étais s’il y avait besoin, doué pour me « renseigner », sans plus de précision.
Du dernier membre de notre troupe nous n’apprîmes que son nom : Gaël. C’est bien Gaël, ça rime avec Célestiel !
Ce qui était bien aussi avec Gaël, c’était que lui aussi n’avait rien apporté ! Du coup, je me sentais un petit peu moins coupable !
Pendant ce temps là Ardan, que l’on aurait aussi bien pu orthographier « ardent », commençait à exprimer à Silaque toute l’admiration qu’il ressentait pour elle, comme quoi elle donnait à tous les mâles présents dans la pièce un zizi tout dur !, se hasardant même à émettre des hypothèses sur le rôle des oreilles de Silaque durant l’accouplement. Bien que tout cela me dérangeasse, notamment la dernière partie qui toutefois donne à réfléchir, et m’a permis quelques beaux rêves dans les nuits qui suivirent, je me sentais si mal dans ce lieu, face à ce « Varasc » si « jeune » et si « mystérieux » qui s’adressait à moi comme si je n’étais qu’un gamin !, que je n’essayais pas de lui disputer « le morceau », me contentant de renchérir sur lui, assurant Silaque qu’elle ne devait surtout pas hésiter à faire appel à moi, pour quoi que ce soit !!!
Pas de réponse ! Elle doit être timide !!
Là, Varasc nous expliqua qu’il allait nous confier une première mission qui serait suivie d’autres plus périlleuses mais aussi plus généreusement rémunérées si nous menions à bien celle-là qui déjà était bien rémunérée, 7 PO. Tout ça pour convoyer, aller et retour, 2 chariots contenant des marchandises qui seraient « échangées » contre une cargaison que nous rapatrierions, le tout en 2 semaines.
En attendant le départ le lendemain matin à la première heure, nous pouvions nous restaurer et dormir à l’auberge de la « Choppe de Fer » qui tout comme l’échoppe du « Marteau de Fer », lui appartenait. C’est ce que nous fîmes.
A l’Auberge de la « Choppe de Fer », donc, nous nous installons tous, à une table où l’aubergiste nain nous apporte des bières qu’Ardan paie. Constatant sa générosité Gaël lui demande une pièce d’or, qu’il obtient ! Tentant alors ma chance, j’en obtiens une à mon tour ! Je crois qu’Ardan va devenir un de mes amis !!!!!
A un moment Célestiel, Ardan et moi nous retournons comme un seul homme, quoiqu’avec les proportions génétiques Ardannaises comme nous le verrons plus tard, ce soit certainement beaucoup plus compliqué ! Et là, RIEN !!!!! Afin d’empêcher quiconque d’invisible de s’approcher de notre table pour nous espionner, Ardan achète au nain 2 kgs de farine qu’il déverse tout autour de la table. Etait-ce bien nécessaire ? Quoiqu’il en soit, le reste de la soirée et la nuit se passent sans encombres.
Le lendemain matin nous retrouvons les marchandises disposées dans 2 chariots tirés chacun par un cheval ainsi que les 4 convoyeurs humains qui faisaient régulièrement le trajet, s’occupant du troc dans la grande ville avant le retour, encadrés par diverses équipes comme aujourd’hui, la nôtre. Je n’allais d’ailleurs pas tarder à apprendre de ces convoyeurs, après le leur avoir demandé, que Claudio qui avait eu le privilège de les escorter s’était vu au retour renvoyé par Varasc à cause de ces habitudes que lui et moi avions en commun. Je compris mieux la recommandation de Claudio, et décidait donc de ne pas tenter le diable !
Chemin faisant, je repense à ce qu’Ardan nous a dit hier à l’auberge, après nous avoir montrer les 2 petites cornes que son bonnet cache, comme quoi il a une 2ème queue, du type « fourchu », et que sa famille dont son père qui est parti à la recherche de sa mère qu’il aime beaucoup fait qu’il est ¼ humain, ¼ elfe, ¼ ange, de quel type je ne me souviens plus, et ¼ démon dont j’ai également oublié le type ! Quand même ça fait réfléchir tout ça !!!!
Si j’écris un roman épique le concernant, il faudra que je pense à « simplifier » !!!
La route se passe sans encombres, et le soir, nous arrivons tous à un refuge contre lesquels nous attachons les chevaux après que les convoyeurs aient rangé les chariots le long du refuge de l’autre côté. Nous décidons de l’ordre des tours de garde. Je prends le premier, une position qu’à l’avenir je conserverai.
Et là, c’est le drame ! Atteint par 2 flèches, je m’écroule en poussant un hurlement, afin de réveiller mes condisciples. Puis, très sévèrement touché, je fais le mort. Heureusement mes condisciples ne tardent pas à prendre la mesure de la situation. D’abord, ils me rentrent à l’intérieur, puis viennent à bout de nos agresseurs qui s’avèreront être comme je le découvrirais le lendemain, 2 elfes d’une faction extrémiste ayant décidé d’éradiquer les humains, et reconnaissables au sigle qu’ils portent avec eux leur servant entre eux de signe de reconnaissance justement !
Vient après le moment de cette nuit que je préfère quand en posant les mains sur moi, Silaque m’aide, plus qu’elle ne pourrait le penser !, à récupérer…
(Un peu plus tard, Silaque sentira des loups qui, mourant de faim voulaient s’en prendre aux chevaux. Loups qu’Ardan mettra en fuite en lançant son arme sur laquelle il avait activé un sortilège afin qu’elle brille comme dans la nuit. En récupérant son arme, il tentera un contact télépathique avec les loups.)
Célestiel et Gaël entre autres choses ont récupéré chacun un arc, un carquois et les flèches contenues dans le dit carquois.
2nd jour de trajet, sans encombres qui nous porte à un village humain ayant subi quelques pertes du fait des elfes extrémistes tels ceux que nous avions rencontré la nuit précédente. J’avertis les villageois du type d’elfe qui s’en prend à eux, mais ces derniers sont tellement affectés qu’ils ne font pas la différence entre « les bons elfes » et « les mauvais elfes », du coup, Célestiel, parti en éclaireur à la taverne, et accueilli par un silence de mort, se faisant que répondre que toutes les chambres sont complètes, tente au retour de nous expliquer qu’effectivement nous ne pouvons dormir dans ce village. Pour Ardan, ce n’est pas un problème, il est déjà allé s’installer dans la nature pour dormir. Ne croyant pas Célestiel, je décide d’aller voir par moi-même, accompagné par Gaël. Humains, l’un comme l’autre, nous sommes très bien accueillis, et apprenons qu’il n’y a aucun problème pour dormir, le dortoir commun étant libre, les caravanes « marchandes » s’étant établies à l’extérieur. De suite, je paie ce qu’il faut pour le réserver. Nous retournons voir Silaque et Célestiel, pour les inviter à nous suivre, Gaël leur proposant même de cacher leurs particularités physiques afin d’être mieux acceptés, ce qu’ils refusent. Nous accompagnant, ils sont « refoulés » beaucoup plus clairement qu’avant ! Il est clair que pour la populace, « ils » sont l’ennemi. Toutefois suite à mes explications concernant la branche elfique extrémiste, cette populace s’avère assez sage pour dépêcher quelqu’un à la grande ville la plus proche, histoire de faire remonter l’information.
Quant à nos amis elfes, ils trouvent refuge pour la nuit, parmi les caravaniers chez lesquels se trouvaient déjà nos 4 convoyeurs.
Du fait que nous avons la salle commune pour nous tous seuls et un public de marchands à proximité, Gaël à l’idée de se faire de l’argent en utilisant mes compétences de barde. L’aubergiste bien sûr prélève sa commission d’où j’ôte le prix de location de la salle, et ça marche bien !
Le lendemain, apprenant ce qui s’est passé, Ardan disposant dans son patrimoine génétique, tant de sang humain que de sang elfe, entre autres, restera songeur tout le long du voyage qui sans encombres nous mènera à un refuge du style du premier croisé où j’avais pris 2 flèches, avec un toit de chaume.
Là je commence à rechercher les plantes dont j’ai besoin pour ma décoction afin de soulager mes dents. Me voyant faire Silaque me demande ce que je cherche, et, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire me ramène assez des plantes dont j’avais besoin, pour, qu’une fois préparées cela me fasse assez de potion pour une semaine. Elle est décidément, charmante, à tout point de vue !!!
Fasciné par la manière dont elle s’y prend, je la suis, mais hélas, très rapidement nous nous retrouvons 4 à la suivre, les convoyeurs étant sans protection. Or leur protection nous incombe et je n’ai décidément pas envie de déplaire à Varasc ! Alors, tandis que Célestiel et Gaël tiennent compagnie à Silaque, Ardan et moi-même retournons au campement assurer la protection des gardes.
Fort de l’expérience de la dernière fois, je vais chercher protection dans l’un des chariots. Fort bien m’en prend car aussi bien Silaque, Célestiel et Gaël de leur côté qu’Ardan et moi-même du nôtre sommes attaqués, toujours par ces fous furieux d’elfes fanatiques, simultanément.
Vu la distance à laquelle nos assaillants se trouvent, ils sont trop loin pour que j’utilise ma fronde, et donc je me retrouve à aider en chantonnant et en grattant ma mandoline, sauf à un moment donné où j’arriverai à hébéter un de mes adversaires un court instant.
Mais pour l’heure c’est moi qui allait être hébété et même pire en voyant dès le début du combat Ardan qui en une seule acrobatie se retrouve à 15 m, à égale distance du refuge et de nos assaillants, juste avant qu’une mystérieuse zone d’ombre ne recouvre la zone où il se trouve ! Qu’a-t-il donc bien pu lui arriver ? est-il encore là ? Pire, quelques instants après toujours dans la zone où Ardan a disparu, il semble que soit apparu on ne sait comment un ours absolument énorme à en juger par ses grognements ! Si jamais j’avais un doute concernant Ardan, il a disparu. Je ne vois pas comment il aurait pu survivre à une telle bestiole dans une obscurité pareille sans le moindre point de repère !! J’espère seulement qu’il aura la bonne idée de s’en prendre avant tout à mes assaillants, histoire dans un premier temps, de me débarrasser d’eux, et, dans un second temps, de me laisser réfléchir à ce que je vais faire. Je me vois mal l’adoucir avec une berceuse ou l’affronter, que ce soit à la fronde ou avec ma rapière.
D’un coup l’obscurité disparaît comme a disparu Ardan, un curieux compagnon sachant parler des choses de la vie dans un style direct qui n’est pas pour déplaire dans certains lieux. Dommage qu’il ait disparu ! A sa place, énorme, un ours « monstrueux »…
J’ai de la chance, La Bête, l’Enorme charge mes assaillants et les tue les uns après les autres…
Je n’ai toujours pas trouvé de plan, et les archers du groupe sont eux tranquillement en train de se balader et peut-être de conter fleurette à Silaque. C’est injuste, c’est moi qui devrait être à leur place… Et, à la place, devinez quoi je vais mourir là, échouant à la première mission confiée par Varasc, celle qui est facile ! Et comment, je vous demande, dévoré par un ours gigantesque !!! Si ça c’est pas une mort à la con !
!!! Je n’y comprends plus rien ! J’allais mourir. Comme Ardan, un peu plus tôt. Et, là ! Tout d’un coup ! L’Enorme, se transforme, …, en, …, Ardan !?!...
Plus étrange encore, Ardan « dans ses habits », tel qu’il était avant de faire son incroyable acrobatie !!?...
Ce garçon est décidément plein de ressources. Il faudra que j’écoute un peu mieux les proportions familiales, la prochaine fois qu’il les évoquera, car, c’est décidé, Ardan aura sa chanson !
Ceci dit, Ardan est bien entamé suite à son combat. Je le stabilise, et le ramène près du refuge, où je trouve la porte fermée de l’intérieur. En retournant sur nos assaillants je m’aperçois que l’un d’eux est toujours de ce monde. Je le ramène, le ligote, met ma dague sous sa gorge, mon genou dans son dos, puis le réveille à coup de claques histoire de l’interroger. Rapidement il devient évident qu’il n’est pas décidé à changer de position quant aux humains et qu’il est parfaitement prêt à mourir pour la cause en laquelle il croit, préférant cela au déshonneur. Tâchant de lui faire la leçon, Ardan lui délivre un message à l’intention des siens en voulant la relâcher de suite. Etant d’un avis différent, je l’assomme d’un coup de dague, et lui enlève ses habits, histoire de l’humilier, ce fanatique !
Nous demandons aux gardes de nous ouvrir, ces derniers, pas rassurés, le cri de l’ours sans doute, nous demandent de prouver notre identité. Comprenant leur frayeur, nous nous exécutons sans peine suite à quoi, ils daignent enfin nous ouvrir !
Là, nous revoyons revenir les 3 autres. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais, je remarque 2 choses : Gaël a donné son arc à Silaque, pourtant, cette dernière semble triste ! Est-ce d’avoir perdu son arc ??...
Comme pour moi, il y a 2 nuits de cela, Silaque aide Ardan à se remettre. C’est bien de l’avoir avec nous !
Le jour se lève. Là où quelques heures auparavant il y avait un elfe tout nu les mains attachées dans le dos ne restent plus que ses liens tranchés. Soit ils n’étaient pas suffisamment nombreux pour s’en prendre à nous, soit le petit laïus d’Ardan et le fait que nous n’ayons pas achevé cet adversaire, nous aura valu de la part de ce groupe, une sorte de trêve, comme pour racheter cette vie que nous n’avons pas prise !?...
Au moment de repartir, Silaque tient absolument à retourner à l’endroit où Célestiel, Gaël et elle-même se sont fait attaquer ! Puisqu’il est hors de question de l’abandonner, et qu’elle ne veut rien savoir, nous l’accompagnons tous. Là nous voyons deux arcs brisés, dont celui qu’arborait Silaque lorsqu’Ardan et moi-même l’avions laissé aux bons soins de Célestiel et Gaël, hier. Et, plus loin, des arbres, en partie calcinés, avec, au sol, un cercle parfait au milieu duquel l’on devine les restes salement cramés de ce qui devait être la veille encore, un elfe. Incrédules, nous voyons Silaque se recueillir et l’herbe repousser dans la zone où le feu avait sévi la veille !?!...
Ce petit rituel effectué, nous poursuivons notre chemin, le trajet se déroulant sans encombres, jusqu’à un village plus important que le premier, entouré de cultures, où les villageois, eux aussi persécutés par les elfes extrémistes, savent distinguer les « bons » elfes des « mauvais » ayant parmi eux un certain nombre d’elfes sédentaires, étant d’ailleurs les premières victimes de leurs cousins extrémistes ces derniers les jugeant, traîtres à leur race !
En conséquence de quoi, pour notre troupe, la nuit se passe bien ! J’en profite pour concocter mes potions à partir des herbes que Silaque m’avait rapportées la veille.
Je constate également qu’Ardan tentant de communiquer ses désirs à Silaque est plus pragmatique que je ne le suis. De plus Silaque face à ces déclarations, pourtant « claires et sans équivoque », semble se demander de quoi on lui parle !? Combien est rare une telle innocence ! Finalement, je décide de laisser Ardan tenter sa chance. Définitivement je crois que je suis plus fait pour rester sur les routes que pour m’attacher… Même à un rêve. Le rêve justement ! Mon terrain de prédilection pour trouver mes rimes, m’évader, me sentir libre… Pourtant, jetant un dernier regard à Silaque je me dis que peut-être, un jour…, il faudra songer, à…
Je dors mal cette nuit là ! Pourtant toute une épopée dans mon esprit se développe sur les amours impossibles d’Ardan et Silaque… Malgré cela, je me sens vide, comme s’il me manquait quelque chose !?...
Je refuse de comprendre…
Au petit matin, sur les conseils d’Ardan, Silaque procède, au nom d’une déesse réputée pour son amour de l’humanité, à la bénédiction des champs de ce village.
La journée suivante, sans surprise, nous permet enfin d’atteindre la grosse ville.
Là, pendant 2 jours, nous avons quartier libre !
Après avoir constaté la défaillance de Silaque à l’idée de pénétrer dans ce lieu à l’urbanisation avancée, entièrement conquis sur la nature et avoir constaté comment Ardan a réussi à soutenir Silaque dans cette épreuve, nous rentrons enfin dans la ville !!!!
Les 4 convoyeurs font ce qu’ils ont à faire, Gaël aussi. De leur côté d’après ce qu’ils nous en raconteront, Silaque et Ardan ont rencontré le nobliaut du coin. Je devine à l’évocation qu’en fait Ardan, que nous n’avons rien perdu !
Mais nous aurons l’occasion de revenir sur ce qu’ils ont appris de leur côté…
Du mien, je partais en quête de tavernes où donner quelques représentations histoire de se faire quelqu’argent. Célestiel, je ne sais pourquoi, m’accompagna ?! Je n’eus pas à le regretter. En effet à la première auberge pourtant… pas trop mal famée, sitôt les 3 premières notes sorties de ma mandoline, je fus jeté dehors à coup de pied dans le cul, comme un mal propre ! Célestiel tenta alors de me venir en aide en calmant l’assistance, mais, cette dernière était tellement mal embouchée, qu’elle s’en prit immédiatement à Célestiel !?!
Résultat, une bagarre générale dans laquelle Célestiel se révéla excellent. Pendant ce temps là, la populace de l’établissement étant bien occupée, j’en profitais pour faucher quelques bourses au passage.
Plus tard, donc, nous retrouvons Silaque et Ardan…
J’ai encore du mal à digérer la nouvelle qu’ils nous ont appris, pire, le fait que nous aurions pu nous en rendre compte plus tôt. Mais là c’était bon ! Nous étions tous « piégés » face à cette révélation : tout le monde parmi les gens de la ville ou mes compagnons s’accordait pour dire qu’un Dragon avait dévasté une forêt dans la montagne avec tous les habitants des lieux !
Seul problème, pour l’un, c’était il y a 10 ans, pour l’autre il y a quelques mois, pour le dernier, il y a quelques semaines, et, pour tous les gens de la ville, sans que l’on puisse mettre en défaut la sincérité de qui que ce soit…, il y a 100 ans !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
C’est là que l’on se rend compte que Gaël à des points communs avec les autres rapport aux dégâts qu’un Dragon aurait causé… !
Sur ce, j’écume à nouveau les tavernes, mais, cette fois, en tant que client !!
A un moment donné, déjà bien éméché, je crois reconnaître Ardan et sort dans la rue pour le ramener dans la taverne afin de lui payer un verre. Il ne se fait pas prier et prend un verre de lait caillé !!
Bien trop étrange pour moi ! Je le laisse, et continue en solitaire mon tour des tavernes finissant ma nuit dans un caniveau !
Le lendemain, nous réfléchissons essayons de comprendre émettons des hypothèses. Sommes-nous dans un Bois magique ? Sommes-nous morts si nous sortons de la forêt ? Etc.
Tout ce que j’espère, c’est que s’il y a bien une histoire d’écoulement du temps, personnellement je n’en ai jamais entendu parler, l’on peut redescendre le temps en revenant sur nos pas comme l’on peut le monter dans le sens que nous avons pris. Mais je n’ai aucune certitude et moins encore que ce qu’Ardan a été capable de réaliser sans que je sache comment, je ne comprends ce qui nous arrive. Je ne peux que constater… Constater , et espérer…
Le surlendemain, comme convenu, le voyage de retour commence qui au soir, et sans embûches nous ramène au gros village entouré de champs traversé précédemment lors du trajet inverse. Preuve que s’il y a quelque chose avec le temps, ce n’est pas définitif et l’on peut revenir en arrière, même si clairement, nous constatons une progression par rapport à notre dernier passage… Certains, dont moi, achètent des potions.
La nuit se passe, tranquillement.
Le jour levé, nous reprenons la route qui tranquillement nous ramène vers le second refuge, au toit de chaume du trajet aller.
Au moment d’installer le camp, Ardan et moi-même devisons. M’ayant observé, il souhaite bien que n’étant pas porté à cela s’il a des dispositions pour le « bluff ». Je le teste aux cartes et m’aperçoit qu’effectivement, il a des prédispositions !!?... Intéressant !
Si j’arrivais à lui faire comprendre mon point de vue, peut-être y aurait-il des choses à en tirer ?!...
Le soir tombe. M’attendant à une attaque des fanatiques, je veille dans mon chariot, tandis qu’Ardan tranquille se repose dans l’autre chariot. Et les elfes sont là. Les ayant débusqué à l’aide d’un sort, je préviens Célestiel de la situation, ce dernier se chargeant de prévenir les autres.
Bien décidé cette fois à intervenir, d’autant plus que ma rapière me démange, je décide de les contourner afin d’aller au contact. En descendant du chariot je tombe avec fracas, réveillant Ardan qui dormait du sommeil du juste et révélant ma présence ! Bilan : 2 flèches et un barde au tas !
Heureusement, comme Ardan est maintenant réveillé, même s’il n’a pas repéré les assaillants, il peut me donner à boire ma potion de soin.
De leur côté, Gaël à la même idée que moi et sort du refuge par le toit de chaume juste avant que celui-ci ne s’embrase sous l’effet d’une boule de feu, obligeant Silaque et Célestiel à faire face. Je ne sais ce qu’il est advenu des convoyeurs que nous escortions. Peut-être ont-ils eu le bon reflexe comme Gaël. Et là, peureux comme je les connais, il faudra certainement attendre le lever du jour pour les débusquer.
Toujours dans le même temps tandis que je suis occupé à prendre nos adversaires parmi lesquels il y a un magicien qui s’en prend à Silaque, 2 hommes d’armes aux prises avec Célestiel, et, toujours Silaque, et 2 archers qui tirent à chaque fois 2 fois plus de flèches que nous ne serions capables d’en tirer pour ceux d’entre nous qui savent utiliser un arc, flèches qui, elles aussi se dirigent, de préférence, vers Silaque, Ardan se fait attaquer par un nain au départ invisible.
Face à cette attaque imprévisible Ardan choisit de se transformer en ours ce qui lui permettra de venir à bout du nain, maintenant, visible.
Gaël comme dans les combats précédents où je n’étais pas se révélera un atout de taille.
Célestiel aura l’occasion de porter une charge. Silaque fera une manœuvre pour taper son bâton juste avant qu’un éclair vienne foudroyer les 2 hommes d’armes !
Et, moi, enfin, j’arrive au contact, empêchant l’un des 2 archers d’utiliser son arc.
Le combat touchant presque à sa fin Silaque, Célestiel, et Gaël, voient un ours « énorme » jouant avec un nain qui « visiblement » se dirige vers eux. Silaque tente de l’entraver tandis que les derniers assaillants succombent, Gaël venant me prêter main forte pour éliminer le dernier de ceux-ci. Bien évidemment, vu la masse de l’ours l’enchevêtrement ne réussit qu’à le ralentir pour un si court moment. Enfin, plus d’adversaires en face de moi. Je dis d’une voix claire et forte que l’ours en face de nous est en fait Ardan qui s’est transformé. Je ne m’explique d’ailleurs pas pourquoi il a préféré rester en ours alors qu’il en avait fini avec son adversaire, ce qui aurait évité le malentendu final ?! Mais peut-être éprouvait-il le besoin de faire connaître aux autres membres de l’équipe son « trop lourd secret », et a-t-il estimé que c’était le seul moyen d’y arriver !?
Cet être est tellement étrange, un peu comme Silaque à sa façon. Qui peut imaginer les motivations qui le meuvent ?...
Silaque me retape. L’équipe prend le temps de savoir pour une prochaine fois les autres choses qu’il y aurait à savoir, entre Ardan qui se transforme en ours, moi qui parle dans la tête, etc. Je les avertis que du reste, maintenant qu’ils sont au courant, qu’au besoin, c’est maintenant de cette façon que je les préviendrais.
Par un sort magique que j’active à la demande d’Ardan, je détecte ce qui est magique, à savoir parmi ce qui est récupéré sur les assaillants, 3 parchemins dont un que l’on me laissera, parmi nos compagnons, Silaque, mais, contrairement à ce qu’il avait supposé, pas l’ami Ardan !
Chose intéressante, de ce qu’Ardan trouve en or, sur les corps, il ne garde rien, partageant entre Gaël et moi-même. Voilà ce que j’appelle un ami « en or ».
Le nain est ligoté, puis réveillé. Il s’adresse alors à Ardan dans une langue « horrible » qu’Ardan est seul à comprendre, et dans laquelle Ardan lui répond !!!!!!
Ardan nous redit à cette occasion qu’une partie de son patrimoine génétique est d’origine démoniaque, la langue parlée entre le nain et lui-même étant précisément le démoniaque, le nain se fichant totalement des elfes fanatiques, n’étant là que pour retrouver Ardan et le ramener vers sa famille démoniaque. Ardan jouant double jeu avec le nain l’a assuré qu’il devait donner le change avec nous mais que dès qu’ils seraient revenus à Dehontel, le plan allait pouvoir être mis en œuvre comme le nain lui a dit que cela devait fait !
Nous reste 4 convoyeurs dans la nature, au moins un autre refuge où nous tomberons sur des fanatiques qui nous attendrons, une grande question quant à savoir comment fonctionne le temps ! Et maintenant ça !!!
Heureusement que c’est la plus facile des missions de Varasc, même si la dernière partie est propre uniquement à l’existence improbable d’Ardan dont j’ai bien du mal à retenir le bouillon génétique dont il est issu !
A ce moment là, les avis étaient partagés, certains voulant faire de suite la peau au nain, d’autres préférant faire les choses dans les règles afin d’en laisser la responsabilité aux autorités.
Pour l’instant même si l’on ignore si d’autres envoyés à la rescousse du nain arriveront avant la fin du trajet, et si oui, où et quand, sans compter que même sans cela le village dans lequel nous allons arriver demain soir où à l’aller nos amis elfes s’étaient vus refoulés, ne verra pas forcément d’un bon œil cet encombrant paquet !!...
Juste au moment où cessant de voir ce « binz » dans le temps comme un problème mais au contraire comme une opportunité de changer ce qui est arrivé… Une opportunité de sauver mon frère Patrick, ma sœur Marge et son mari René (le joueur : façon Thorgal, le Maître de la montagne, façon Code Quantum, façon Retour vers le futur, façon Life To Mars, façon autre chose dont je ne me souviens plus j’espère que ça va me revenir) !?...
Du reste, le « binz » comme j’ai décidé de l’appeler produit également d’autres effets. Imaginant que j’avais 100 ans de +, sans forcément acquérir la sagesse qui va avec, m’a aidé à relativiser les choses. A un moment où je ne suis plus sûr de revoir quiconque de ma famille, j’éprouve le besoin de revoir Mary, de lui dire que j’ai été idiot de faire comme les autres et de la condamner pour son choix de vie. Si je survis à tout cela, lorsque j’aurais suffisamment de courage, j’irais la revoir. Au moins, elle, je sais où la trouver…
Mais pour l’heure, j’ai d’autres pensées… Silaque qui m’a aidé à trouver les plantes dont j’avais besoin, et me soigne, et « Dieu » merci, pourrait peut-être m’aider à trouver des filons de pierres ou de métaux, « précieux » s’entend, en espérant qu’ils soient faciles d’accès. Il faudra que j’essaie.

mardi 20 octobre 2009

Les chroniques d'Ardan

Cher Eostril, je dois avouer que je suis un peu confus. Je regarde les étoiles, les formes qui s'embrassent et s'embrasent parfois dans le ciel et je ne sais plus quoi penser.
Pour moi grand-père est descendu voici à peine trois ans pourchasser les furieuses peaux vertes et les légions des profondeurs.
Et ça ne fait que deux ans que nous avons pris la route vers la côte des Epées pour que tu puisses œuvrer avec les ménestrels.
Et ça ne fait que quelques jours que je suis parvenu à Dehountel, chargé d'une missive à remettre à ton contact sur place.
Un dénommé V. Je préfère employer cette seule lettre pour préserver son mystère et son secret. C'est vrai que le bonhomme semblait savoir y faire pour se protéger : protection mystique dans la cave menant à son bureau, sans doute une illusion sur lui parce que quand je lui ai serré la main, j'ai eu la sensation que sa paume est inversée. Je ne suis pas assez versé dans les mystères pour savoir quelle genre de créature a la paume inversée mais passons. Le V en question recevait en même temps que moi quatre autres individus, tous plus ou moins aventuriers débutants. Je ne crois pas qu'ils étaient là, comme moi, parce qu'ils avaient ressenti cet appel dont je t'ai parlé.
Je te remets cet appel.
Hier, hier, il m'a encore regardé.
Mon maître dormait, un peu embrumé par les vapeurs et la douceur capiteuse d'un cru elfique de l'Eternelle Rencontre.
Il s'est approché de moi doucement. Dans ses yeux, j'ai vu les miens. Je ne connais pas son visage. Je sais qu'il n'est pas d'ici...
Il a posé sa main sur mon épaule et m'a dit : lève-toi, il est temps de prendre la route, de prendre la croisée des chemins, d'aller au Nord puis à l'Est, d'aller en dessous puis au dessus, d'aller au Sud puis à l'Ouest, et enfin de te regarder pour comprendre qu'il n'y a rien de plus important que le centre.
Dans une cité lointaine, un anneau, vivent ceux qui peuvent voyager à travers les plans.
Dans cette cité, lointaine, il y a une maison au toit rouge près d'une auberge portant le symbole de ton clan.
Dans cette maison, il y a une chambre aux murs peints en vert avec un petit coffre au milieu.
Dans ce coffre, il y a une gemme qui contient celui que tu cherches, celui que je suis, celui qui sera.
Dans cette gemme, il y a toi.
J'ai senti une vague me traverser, j'ai entendu l'océan, immortel océan, gronder. Emporté par le sac et le ressac, j'ai été balancé sur une grève infinie dont le décor changeait à chaque fois que j'étais ramené. ll y avait de si nombreux paysages, de si nombreux mondes, régis par tant et tant de lois qu'un instant je me dis, non, tu ne peux pas continuer à être comme tu es, tu dois choisir la voie de l'équilibre, le bien, le mal, la loi, le chaos, une guerre éternelle qui se dessine entre ceux qui portent des cornes et ceux qui crachent des flammes.
Un instant je me suis dit.
Le sang le plus rouge qu'il y a en moi hurlait depuis les profondeurs de fosses abyssales.
Le sang le plus blanc qu'il y a en moi l'emporta comme une vague, la vague dans laquelle j'étais balloté.
Va, vois, vainc et vis...
Réveille-toi fit alors mon maître, réveille-toi, il est temps de se mettre en chemin.
J'ai regardé mes mains, l'une faisait de la lumière, l'autre faisait de l'ombre.
J'ai regardé mes pieds, ils étaient de la terre, capables de courir avec la puissance des ancêtres des pères du père de mon père.
J'ai regardé mon visage et j'ai vu le centre. Au milieu, sur mon front, un peu au-dessus de mes deux yeux, il y avait la vérité.
Je me suis demandé quand l'œil de la vérité s'ouvrirait.
Au loin, là-bas, dans le futur qui m'attend, voyageur à la découverte de son propre passé, je referme le coffre contenant la gemme dans laquelle je me suis projeté tout en sachant que je ne suis rien d'autre qu'un songe dans une nuit d'été.
Je te transmets aussi le portrait que j'ai fini par faire de moi. Tu m'avais demandé de réfléchir à mon portrait visage, je pense que c'est à peu près ça :
Si j'étais un animal : un ours, bien sûr.Si j'étais un végétal : une fleur qui pousse là où les anges ont posé leurs pieds (pour la licence poétique mais sinon, dans l'absolu, un noyer. C'est bon les noix.Si j'étais une partie du corps : le cerveau. C'est lui qui commande tout.Si j'étais une arme : la foi. La foi en soi, aux autres, en l'être humain. Le poing ou l'épée iraient aussi. Si j'étais une qualité : la curiosité. Bien placée. La tenacité aussi.Si j'étais un défaut : la curiosité. Il y a des choses que je ne peux pas m'empêcher de chercher. L'honnêteté est aussi un de mes défauts. j'ai tendance à dire les choses en face.Si j'étais un métier d'aventurier : Un seul ne me va pas. J'aime la nature, la magie, le fait de porter la justice et la maîtrise de son monde intérieur. Il faudrait quasiment que je réponde shaman, ensorceleur, paladin et moine pour avoir juste à peu près partout. Il semble pour l'instant qu'un esprit me parle, cela dit.Si j'étais un voeu pour moi : avoir aussi bien accès au sang de ma mère qu'au sang de mon père.Si j'étais un objet : une flamme, une flamme éternelle.Si j'étais une passion : la poésie. Pas forcément en vers, je peux me contenter de la prose.Si j'étais une couleur : celle de l'âme, bien sûr.Si j'étais un mot ou une maxime : Il n'est point de sagesse dans la parole de l'homme seul.
Mais revenons à V. Il avait une proposition à nous faire, aux autres aventuriers et moi. Surveiller une caravane. Histoire de voir ce qu'on valait et qu'on puisse gagner un peu d'argent ou acheter certains renseignements. Tu sais très bien que ma curiosité est un de mes principaux défauts. Je n'ai pas pu refuser, curieux de découvrir qui serait V. en vrai.
Au cours de la petite expédition, j'ai pu découvrir un peu mes compagnons d'aventure.
Il y a Rayan, un barde, humain. Il a l'air d'aimer l'argent et ne semble pas préférer le combat frontal. Il gagne pas mal d'argent dans les auberges. Je me demande s'il n'est pas capable un peu de faire les poches des gens. Mais ainsi sont les bardes dans leur jeune carrière, je le sais, puisque toi même tu l'es. Je ne sais pas trop encore pourquoi il est sur les chemins. Il me semble qu'il lui manque quelque chose ou quelqu'un. Il fut un support non négligeable pour m'encourager lorsque j'eus à utiliser mon don contre des assaillants.
Il y a également "Dédé", un type un peu sale, vaguement louche, adepte des réflexions axées sur l'humour noir. Je pense qu'il a un fond elfophobe. Mais tu me diras, tout le monde n'a pas la chance d'avoir été éduqué selon des principes moraux qui permettent de comprendre que nous sommes - au final - tous égaux. Et je dois avouer que mes origines me poussent sans doute plus facilement que n'importe qui vers la tolérance. Quoi qu'il en soit, "Dédé", semble bien savoir se battre et il n'est pas difficile de lui faire plaisir en lui donnant plus d'argent à lui et Rayan lorsque le partage se fait. "Dédé" comme Rayan sont plutôt dans la mouvance de l'ombre, des roublards et il est clair que l'argent est un moteur plus puissant pour eux qu'il ne l'est pour moi. Je ne connais pas les motivations de "Dédé". C'est le plus mystérieux de notre groupe.
Il y a ensuite Celestiel, un elfe guerrier avec une vilaine cicatrice sur la tête. Il semble qu'il vivait non loin de chez nous et que son clan ait eu sérieusement à pâtir de l'attaque du Dragon qui a ravagé notre forêt après l'attaque des orques. Je crois bien qu'il venait pour chercher des renseignements à ce sujet auprès de V. C'est un guerrier efficace, qui agit sans se poser des questions dans le feu du combat, ce qui est nécessaire et qui n'a eu aucune peine à tuer ceux de sa race qu'on a affrontés au cours de notre expédition.
Puis, il y a une ange des bois, une elfe aux oreilles très longues, dotée de fortes capacités de druide. Sélaque ou Senaque, je n'ai pas bien compris son prénom et je l'appelle toujours "Dame" tellement elle est... oh. Ah la la la... Je sais que tu connais bien mon second défaut, ma faiblesse en face de la gent féminine. Mais force est d'avouer, Eostril, que je n'ai jamais vu de femme aussi belle. La pauvre semble cela dit complètement perdue dans les cités. Je suppose qu'elle doit avoir du sang féérique ou qu'elle a quelque chose des esprits des bois. De nombreuses notions évidentes pour nous ne lui sont pas claires. J'ai dû beaucoup prendre sur moi pour ne pas lui montrer ce que c'est que faire l'amour (car ce n'est pas sale comme tu aimais tant à le raconter) et j'ai décidé de la protéger des humeurs vicieuses de ceux qui pourraient abuser de son innocence. Elle semble douée de facultés extrêmement supérieures à celles de nos compagnons mais qu'est-ce que cela veut bien dire quand on est innocente et incapable de voir la corruption ou la concupiscence dans le cœur des hommes ?
Lors de notre petite expédition, nous devions accompagner quatre caravaniers avec lesquels j'ai tenté de sympathiser. J'ai beaucoup apprécié Tarik dont le fils Robert est bien malade. J'ai pris soin d'écouter mon cœur et je lui ai remis une partie de mon argent, tout comme je l'ai fait aussi dès que je pouvais à des temples ou à des pauvres.
Mais bref, je m'aperçois que le temps me manque pour te résumer ce qui nous est arrivé. En gros, sur le chemin, nous nous sommes fait attaquer deux fois par des sortes de fanatiques elfiques, prêts à éradiquer la race humaine. Au retour, il y avait un nain portant le symbole de Vecna qui voulait me capturer pour m'étudier. Je lui ai fait croire que j'étais de son côté, que les autres étaient juste des pions sur un échiquier et crois-moi je vais essayer de mettre à profit par le futur l'art du bluff et de l'intimidation que j'ai peu pratiqués jusqu'à présent car ce sont des bonnes armes contre ce genre d'individus totalement gagnés à la cause du mal. Je suis persuadé, mon oncle - tu ne m'en voudras pas si je t'appelle ainsi - que le mal n'est pas une chose qui complètement innée qui corroderait le coeur de celui né avec une mauvaise essence. J'ai du sang de démon ou de diable en moi. Je serais peut-être devenu mauvais avec une autre éducation. Mais passons. J'ai l'intention de remettre ce nain aux autorités et advienne que pourra.
Tu sais quand même que je crois à un semblant de justice, d'organisation et d'état de la civilisation.
Mais pour te parler des autres péripéties du voyage, en gros ce que j'ai perçu pendant qu'on cheminait, c'était que :
- les elfes radicaux étaient incroyablement obtus. Je me suis fendu d'une lettre à leur égard mentionnant le dragon qui ravageait la forêt et ils n'y ont rien entendu.
- le seigneur de la cité où nous avons livrés la marchandise est une sorte de pédant prétentieux qui risque de ne faire qu'envenimer le problème. Aucune expérience et je ne suis pas sûr qu'il ait de bons conseillers.
- aller en aventure en groupe est ce qu'il me fallait. Ceci dit, je me rends compte de certaines des limites de la synergie de groupe. J'ai souvent entendu parler qu'une équipe de 5 était constituée d'un prêtre, d'un mage, d'un voleur et de deux combattants. Là, on va dire qu'on a un roublard qui a des capacités de magicien, un voleur et un guerrier pur jus, une druidesse qui peut faire office de prêtre et moi qui une fois par jour peut faire office de guerrier. Je ne sais pas encore si je vais continuer dans ma carrière de moine, je t'avais déjà dit que d'autres appels se faisant en moi : shaman, paladin ou coureur des bois. On verra bien. Peut-être que j'en apprendrais auprès de chacun des membres de ce groupe et qu'il est de mon destin d'étudier chacune de leurs voies. J'attends des signes de celui dont je rêve parfois.
- les gens dans les villages attaqués par les elfes sont racistes. On ne peut pas leur reprocher.
- les gens dans les villages qui ne sont pas attaqués par les elfes sont aimables.
- je préfère dormir dehors et vivre de manière sobre (en exceptant évidemment un possible commerce avec les femmes, un peu de boisson de temps en temps). J'ai aussi ce sens aigu de la psychologie. J'ai besoin de comprendre et de cerner l'âme humaine ou elfe ou celle de tous ceux que je rencontre sur mon chemin.
- j'ai des doutes. J'ai même un peu peur.
En effet, mon oncle, dans la cité où nous livrions les marchandises j'ai appris quelque chose de troublant. Cela fait 100 ans que la forêt a été rasée. Cent Ans.
Mon grand-père est-il toujours en vie ? Il y a peu de chance.
Mon père, qu'est-il devenu ? Qui est ma mère ? Qui est ma grand-mère alors que cent années ont passé ?
Et surtout, est-ce que cent années ont aussi passé depuis que je t'ai quitté.
Les bois féériques ont d'étranges propriétés. Très étranges. Cela voudrait-il dire que certains ont choisi mon destin.
Le nain a parlé du fait que j'étais quelque chose de "fabriqué". Quelles autres choses ont été fabriquées ? Et comment se fait-il que mes compagnons apprennent des choses aussi vite ? Il faut être assurément "bénis des Dieux" pour ce faire.
Tu vois, mon oncle, je ne sais pas encore si cette missive te parviendra un jour. En attendant, je vais tout rédiger dans un carnet. Peut-être qu'il est possible de revenir dans le passé.
En attendant, je vais m'en retourner regarder les étoiles s'embrasser et s'embraser. Je vais sourire en pensant au doux parfum de la Dame, au courage de certains de mes compagnons ou à leur tendre bonhomie parfois, lorsque leur regard s'éclaire en regardant des pièces d'or et je vais écouter le vent qui souffle depuis les forêts des fées. Peut-être me diront-ils quelle voie je dois emprunter.
Dois-je rester celui que je suis, ou prendre les atours d'un shaman encore plus à l'écoute du vent ou d'un paladin prêt à composer encore plus efficacement avec les fanatiques et les adeptes sectaires de toutes sortes.
Je t'embrasse mon oncle. La lune pose doucement sa caresse sur moi. Je sais que tout à l'heure je rêverai encore de cette gemme que je dois me tailler pour la poser sur mon front. Dans mon futur, c'est sûr, c'est comme ça que je suis.
Mais j'ai le temps. J'ai étrangement beaucoup de temps. Surtout si cent ans ont passé depuis que je t'ai vu la dernière fois.