A toi, mon oncle et toi, Minuit à qui je transmets ce message.
Un an. Un an déjà depuis que j'ai pris la plume la dernière fois.
Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas éprouvé le besoin de t'écrire. Peut-être avais-je besoin d'être guidé par un mentor.
Je suis allé trouvé Aaris pour lui parler de mon désir de comprendre la magie.
Aaris, c'est un type particulièrement sympa quand on sait le prendre. Il n'a pas tout à fait mon "regard" sur le monde, mais je dois avouer que j'ai trouvé dans les premières semaines que j'ai passé auprès de lui une sorte de réconfort moral dont j'avais besoin, ce lien, ce tissu qui doit se fabriquer dans toute affaire familiale.
J'ai appris la différence, en matière de magie, entre l'art de "l'étude" et l'art "brut" possédé par les sorciers, souvent des personnes possédant une goutte de sang de dragon, ou de fée ou parfois de démon en eux.
Aaris m'a dit que j'avais sans doute plus de potentiel pour le fait de maîtriser l'art brut mais il est clair que ma recherche est plus celle de quelqu'un qui veut étudier.
Je lui ai parlé aussi du magefeu, l'objet d'une quête, certes égoïste, mais qui me semble nécessaire pour me compléter. Il m'a confirmé que c'était un don qui était rare, qu'il y avait intérêt à être apprécié par Mystra, peu importe d'ailleurs qu'on soit magicien ou pas.
Aaris m'a ensuite ouvert un portail afin que je me rende sur Sigil, la cité des plans, et que j'en apprenne un peu plus sur les mystères de l'univers.
J'ai loué une chambre dans cette auberge où j'ai eu des visions. J'ai vu la reine de la cité deux fois, une femme si impressionnant qu'elle tuera quiconque voudrait lui vouer un culte. J'ai participé à quelques débats philosophiques avec différents représentants des "factions". Tout personnage issu des plans commence au sein d'une de ces factions. Il y a fort à parier que ça devait être le cas de ma mère. J'ai bien entendu essayer deux ou trois fois de parler d'elle, mais que veux-tu, mon oncle, il y a tellement de choses dans cette cité et j'y ai passé si peu de temps avec si peu de bagages dans l'art du renseignement que je dois avouer que je n'ai rien su.
De toutes les factions dont j'ai entendues parler je dois avouer que j'ai été particulièrement sensible au "Signe de l'un" qui proclame que chaque individu est unique, à la "Libre Ligue" qui prétend qu'on ne peut parier sur une seule vérité et à la Société des Sensations qui proclame qu'on ne peut connaître le multivers sans faire appel à ses sens. C'est au sein de cet ordre, dans un endroit qu'on pourrait presque qualifier de "lupanar des sens" . J'ai été fasciné par cette manière qu'on ces gens de tout expérimenter pour connaître les limites de l'univers. Ils ont une incroyable tolérance en ce qui concerne qui peut les rejoindre et sont une des rares factions à accepter les étrangers.
D'aucuns, en voyant mon symbole de Tyr, ont pensé que j'aurais plus été intéressé par les membres de la fraternité de l'Ordre... Certes. Mais je ne suis pas quelqu'un qui aime aller vers l'évidence.
Je chéris le moment où je pourrais emmener mes compagnons avec moi, là-haut, et vivre peut-être quelques aventures dans des endroits où je n'ai pu m'aventurer seul. Je me suis fait un ami hobbit, sur place, qui, en plus d'être mon mentor sur place en matière de connaissance de la magie, était aussi le cuisinier de l'auberge des quatre vents. C'est lui qui m'a permis de m'introduire, si je puis dire ainsi, dans la société des sensations. Une chose qu'aurait apprécié Sunie si son influence s'étendait jusqu'à la cité au cœur des Plans.
Mais je m'emballe, mon oncle. Je m'emballe. Tant d'aventures à vivre en perspective là-bas, tant de mondes qui s'offrent à nous.
Lorsque je revins de Sigil, Aaris me fit comprendre que je devais retrouver une certaine Alice pour parfaire mon entraînement. Trois semaines de voyage vers l'est et voilà que je découvre une frêle jeune fille qui a l'air d'avoir 14 ou 15 ans et qui est accompagnée, pour seul ami, d'un pseudo-dragon.
Je te laisse imaginer la manière dont ma mâchoire s'est décrochée quand elle m'a confié qu'Aaris fut son élève et qu'elle était en fait un demi-dragon.
Bercé par les souvenirs que j'avais expérimentés au sein de la société des sensations, j'ai bien essayé de savoir comment cette brave ermite pouvait s'amuser. Il semble qu'elle se contente tranquillement de sa retraite après une vie d'aventures bien menées pour contrecarrer les machinations d'un Dieu mauvais dont elle a préféré me taire le nom. Elle n'a pas d'amant, le seul homme de sa vie fut un gobelours, pas de libido particulière. C'est une sage, une théurge mystique maîtrisant aussi bien l'art de la magie profane que divine. C'est auprès d'elle que j'ai vraiment ouvert mon esprit et que j'ai découvert que si je devais faire de la magie un jour, je n'aimerais pas me contenter de la liberté d'être un ensorceleur. Le fait de ne pas pouvoir s'ouvrir à tous les sorts serait frustrant.
Je ne saurais te dire, également, à quel point je remercie Alice pour les services rendus par des créations invisibles afin de me permettre d'expérimenter de nouvelles sensations.
C'est en faisant une course pour Alice qu'au détour d'un chemin, j'ai aperçu une magnifique jeune femme brune en difficulté. N'ayant pas encore appris encore vraiment l'art brut de l'intimidation et les voyous ne semblant pas pratiquer l'art subtil de la diplomatie, je dus faire preuve de mon art de la transformation pour faire fuir les importuns. Minuit, puisque c'est son nom (c'est ton nom) me tomba littéralement dans les bras. J'étais celui qui venait lui apporter l'occasion d'abandonner une vie de simple paysanne isolée dans la campagne pour lui proposer autre chose.
Ayant remarqué qu'elle avait un don, et ne voulant pas perturber la jeune femme avec le fait que j'avais rêvé d'elle, je demandai à Alice si elle pouvait en faire son apprentie. Ce qui fut chose faite.
Expérimenter toutes les sensations, entends-tu mon oncle.
Moi, deux femmes plus que belles, enfermés dans une cabane pendant près de six mois... Et rien, à part sans doute une bénédiction de Sunie. J'ai respecté les deux femmes et me suis concentré sur d'autres sensations pouvant me procurer des plaisirs aussi forts que ceux de l'amour, plus même.
Plus les semaines passaient, cela dit, plus je remarquais que "Minuit" semblait me voir comme un peu plus que son sauveur et plus je me demandais comment me positionner vis-à-vis de ça, ne voulant pas tirer avantage de mon statut de héros.
Avec l'aide d'Alice, je parvins également à forger un anneau qu'elle enchanta ensuite après avoir mené un examen complet de mon sang et de tous les blocages qu'il y avait dedans. Le potentiel du magefeu était en quelque sorte pour l'instant réprimé par plusieurs éléments de ma nature qui avaient d'abord besoin d'exister.
Nous parvînmes à la conclusion que si 25 % de mon sang était bien elfe, presque les 75 % restants étaient humains, ce qui restait était juste trace d'ascendance démoniaque, céleste et lycanthrope.
Sacré Alice... Elle m'a confié deux objets. Un collier avec 10 "charges" me permettant de l'appeler et de rentrer en contact avec elle et le fameux anneau qui, s'il était porté à mon doigt, me permettrait de me transformer à volonté et sans limite de temps.
Je préfère pour l'instant le garder autour de mon cou, attaché à un collier. Je préfère me méfier de choses que je ne saurais pas gérer si je venais à devoir prendre un quatrième chemin, celui de l'appel de la nature.
Mais je reviens à Minuit, veux-tu, car je veux que tu saches que tu n'es plus le seul à recevoir mes messages mon oncle. Chaque ligne que je t'écris sera également adressée à Minuit parce que bon... tu comprends, il est parfois plus facile de s'exprimer par une rédaction bien posée que par des mots qui ne seraient pas forcément le reflet exact de ma pensée.
J'ai souhaité que "Mystra jette son dévolu sur moi", j'ai eu l'image d'une jeune fille que je sauverais et qui s'appellerait "Minuit". J'ai sauvé "Minuit" et je sens maintenant un nœud dans mon ventre quand je pense à tout le temps que je passerais sans elle. Oui, force est d'avouer que j'éprouve quelque chose pour elle, mais que je me retrouve dans la position de ceux de cette faction qui s'appelle les "Hommes Dieux" : j'ai forgé un destin. Je ne voudrais pas que l'étincelle qu'il y ait entre nous ne soit que liée à la magie. Et en même temps, plus je réfléchis à la question, plus je me dis que finalement l'amour va de pair avec la magie. Cette flamme qui brûle en moi, cette passion qui commence à se développer, c'est peut-être l'écho de ce feu qui est le magefeu et que j'étais parti chercher.
Peut-être que "Minuit" est la source dont j'ai besoin pour comprendre qui je suis à l'intérieur.
Mais il est tard... Je te laisse un instant avant de reprendre la plume demain pour te raconter mon retour à l'aventure avec mes compagnons.
Je suis réveillé dans Sigil, sais-tu.
Il parait qu'un des moyens d'y voyager serait de quitter son corps.
Je veux bien y croire. Là, un homme à la cape sombre, qui me faisait penser à Gaël, notre défunt Gaël, se trouvait devant moi. Quelles factions rejoindraient tes compagnons ?
Je me vois lui répondre que je n'en sais rien.
Il y a fort à parier que la plupart d'entre-eux ne se laisseraient pas forcément enfermer dans un créneau et préféreraient la libre pensée.
Je revois l'homme me demander : qui es-tu ?
Je ne sais pas lui répondre. Une partie de mon sang est celui d'un primaire, l'autre celui d'un planaire. Qu'est-ce que ça fait de moi ? Une créature qui ne pourra jamais être convoquée ou empêchée comme c'est le cas parfois avec les planaires ? Ou une créature qui ne saura jamais par elle-même détecter les portails comme les primaires ?
Bah, peu importe, la conclusion est restée voici un peu plus d'un an que je peux être considéré comme une aberration mais qu'il semble également que je sois affecté par les sorts qui touchent les humanoïdes.
Je me demande si ce sentiment d'être si seul dans ma différence n'est pas également ce qui me rapproche de "Minuit" dans la manière dont je l'ai ressentie si seule dans sa ferme.
Mais revenons à nos moutons, mon oncle, tu veux bien ?
Passent donc les feuilles, la neige, les fleurs et l'été et me voilà convoqué, d'après des indications d'Alice, auprès du seigneur Varasq dans le domaine de Garresh.
Une route qui prend trois semaines. Je n'ai pas le cœur de laisser "Minuit". Je l'ai surprise une fois à parler avec Alice à propos de moi. Je sais qu'elle ne m'a pas surpris parler avec Alice à propos d'elle. Je ne me livre que dans ces lignes.
Je passe les péripéties, la manière d'arriver chez celui que je considère comme le meilleur de mes compagnons (il en faut bien un) et je découvre avec ravissement que le domaine de mon "grand pote" s'est étendu. Le village sur ses terres compte maintenant près de 300 âmes et la population ogre, de son côté, atteint facilement six dizaines, dont plusieurs femelles.
Mes compagnons ont bien changé lorsque je les retrouve.
Garresh a pris en assurance, en confiance en lui, mais il semble aussi s'être engagé sur une voie qui me semble totalement impossible à suivre : il a fait vœu de chasteté. Il s'est engagé encore plus à fond dans la voie de Lathandre.
Célestiel est devenu lieutenant, il a développé des talents de cavalier sur raptor, une bête qui me semble avoir un potentiel fort vicieux. Il porte plus facilement le bouclier. Il est aussi papa d'une petite fille, mais la mère, Selaque, n'est pas du rendez-vous, sans doute le temps de laisser son enfant à garder.
Rayan a l'air d'avoir beaucoup souffert. Il a été prisonnier 7 mois dans les profondeurs, dans les griffes de Zorkin. Il est revenu un peu plus sévère, avec des capacités qui le rendent, hum, bien meilleur informateur, voire espion, qu'il ne l'était avant. Il est ressorti des profondeurs près de la cité des libérateurs, je gage que ça sera un moyen pour nous de trouver une solution pour aller faire la peau à Zorkin.
Varasq, lui, est fidèle à lui-même. Je ne détecte aucune capacité magique sur lui, tout dans sa voix m'assure que non, il n'est pas un mage, pourtant je n'oublie pas le lieu où il nous a reçu la première fois et l'étrange sensation que j'ai ressentie quand je lui ai serré la main la première fois comme si... Oh, et puis non... Peu importe. J'ai une intuition au sujet de Varasq mais je préfère que cela reste encore son secret.
Bref, Varasq est là pour nous confirmer que le seigneur d'Elkrin était en fait manipulé par le chef de la guilde des voleurs, le grand directeur des arènes clandestines et que bon... il serait temps d'envisager l'élimination du monsieur.
Un travail humide. Pour un paladin.
Et je n'ai pas dit non.
Parce que c'était quelque chose de logique, surtout que le dit maître voleur semble être d'après Varasq un mort-vivant plutôt puissant.
Qu'avons-nous fait, mon oncle, te demandes-tu ?
Eh bien nous nous sommes rendus tout simplement à la guilde de la cité d'Elkrin pour avoir une conversation avec ce monsieur. Pas n'importe comment bien sûr. Avec un prétexte : réclamer des renseignements au sujet de Zorkin, car nous savons que ce dernier est un ennemi de notre cible. Les ennemis de mes ennemis peuvent toujours paraitre pour mes amis dit le vieil adage.
On laisse tous les hommes de Célestiel aux portes de la ville. On frappe à la porte, on est reçu par un elfe affable et on est guidé dans le sous-sol jusqu'à un endroit contenant moult cercueil sur un lit de terre bien fraiche. Je dois faire mon possible pour tempérer Garresh et Célestiel qui ont visiblement envie d'en découdre de suite. "Chauve-Souris", appelons-le comme ça, nous propose autre chose qu'un combat aux arènes pour avoir des renseignements sur Zorkin, il nous demande d'aller livrer un message à son frère et de le ramener à lui. Une bonne occasion d'en apprendre plus sur "Chauve-souris" fais-je comprendre à Célestiel qui a pris visiblement l'habitude d'être un chef, je peux me contenter d'être un conseiller avisé.
Marché est conclu après que j'ai admis de nombreuses choses qui ont effrayé un peu mes compagnons mais qui étaient pourtant évidentes. "Chauve-souris" n'est pas né de la dernière pluie, il a un énorme réseau de renseignements lui aussi, inutile de lui mentir en ce qui concerne nos accointances avec Varasq. Malheureusement, ma curiosité naturelle et mon envie d'expérimenter des sensations me poussent à m'enquérir de ce qu'il y a à un endroit où je ressens une forte source du mal.
Nous sommes dirigés vers un coin de la crypte où nous sommes reçus par un prêtre squelette d'un dieu qui n'a plus tellement de fidèles. Et là, malgré la bonhomie de la conversation - l'art de la diplomatie exige d'avoir un sérieux sens de l'humour et une forte capacité à pouvoir jouer avec ses préjugés - voilà que nous nous faisons agresser par plusieurs squelettes de la crypte qui se rapprochent de nous pour exploser en un feu d'artifice d'os et de restes de tendons qui blessent sérieusement la plupart d'entre-nous.
Le combat s'engage.
Je n'écoute pas la flamme qui s'éveille en moi à chaque fois que les armes parlent. Je me précipite vers le fond de la crypte pour saisir quelque chose qui est la source d'un grand mal. Un artefact, ou quelque chose d'équivalent, le Livre de la Noire Vilénie... Un sombre objet capable de dévorer en partie votre âme et de vous réduire à l'état de loque humaine. Heureusement que je bénéficie de la protection de Tyr. Je résiste aux pouvoirs destructeurs de l'objet et me dirige vers le combat.
Un combat qui s'avère extrêmement rude. Les sortilèges de soin de Garresh, qui blessent normalement les créatures mortes-vivantes ne semblent pas faire effet et Célestiel ne touche pas à tous les coups et avec un impact moins fort que d'habitude.
Rayan, après nous avoir encouragé, montre certes qu'il est une aide précieuse pour engaillardir les troupes mais euuh, comment dire ? Il est barde et n'a pas la force de Garresh ou la mienne ou la maîtrise de Célestiel avec le fer. Ses sortilèges ne sont que dans le registre de l'informatif ou de l'esquive.
J'étudie un peu la manière de faire de "Chauve-Souris" pendant qu'un de mes sortilèges de prêtre fait plus ou moins chou blanc. Il est extrêmement dur à toucher et résistant à la plupart des coups. Il est temps de laisser parler l'ours et de donner à Célestiel un avantage tactique en prenant notre ennemi en tenaille. C'est assez lâche, je le sais, d'être à plusieurs sur un même adversaire mais lorsque celui-ci est si terrible qu'on ne peut l'affronter seul, il n'y a pas de honte à avoir.
Honte. Honte que j'espère Garresh n'aura pas en repensant aux événements. Je ne sais pas quelle magie impie a utilisée "Chauve-Souris" mais toujours est-il qu'en à peine une quinzaine de secondes, Garresh, pourtant protégé contre le mal, s'est retourné contre nous, a manqué tué Rayan laissé gisant sur le sol avant que sa tête n'explose en une écœurante gerbe de chair.
Oui. Explose. Garresh, mort. Notre meilleure arme contre "Chauve-Souris". Rayan, prêt à fuir en forme gazeuse. Célestiel bien entamé et confronté à un adversaire tel qu'il n'avait jamais connu et moi, qui comprend la seule manière de nous en sortir. Saisir l'affreux, l'écraser, le forcer à se transformer en brume pendant que Célestiel et moi on espère le toucher dans cet état là. Le resaisir dès qu'il se transforme, encore lui faire mal - mes poings semblent causer beaucoup de tort aux créatures mauvaises - tous les deux et l'épuiser petit à petit en espérant résister au seul sort qu'il pourrait lancer entre le moment où il s'est matérialisé et le moment où je le saisis.
J'ai appris une chose au cours de cette année et des quelques mois qui ont précédé. Lorsque deux adversaires luttent, c'est toujours le plus grand et le plus fort qui gagne. Et dans les sang-de-Lune, il y a cette capacité à devenir grand et fort.
"Chauve-souris" est obligé de se transformer en "chauve-souris" et de fuir. On va l'avoir à l'épuisement sinon, ce qui est un comble quand on est un mort-vivant.
Mais la situation n'est pas rose pour autant. Nous sommes dans la crypte d'une guilde des voleurs avec tous les hommes prêts à nous tomber dessus, Garresh est mort et notre seule porte de sortie, c'est que je me transforme à nouveau, que j'use de mes sorts innés et que je fonce dans le tas en espérant que le style de combat défensif que j'ai acquis pourra nous préserver de suffisamment de coups pour que nous nous retrouvions dehors.
Et ce n'est pas tout. Nous sommes aussi en possession de cet artefact du mal.
J'utilise donc le collier remis par Alice pour lui faire un topo de la situation afin qu'elle me dise s'il y a un moyen de détruire le livre. Je suis encore obligé de rentrer en contact avec la chose et résiste encore, loués soit Tyr et Mystra.
Après un quart d'heure de recherche, Alice me confirme que ça ne va pas être une partie de plaisir de se débarrasser de ça. Bien. Je dépense tous mes sorts pour soigner mes compagnons, je ramasse un morceau de Garresh, ses parties génitales - après tout, ça lui semble suffisamment d'importance pour qu'il ait fait un vœu de chasteté, prie mes dieux de nous aider et m'apprête à faire une course avec mes compagnons lorsque nous sommes baignés par de la lumière divine. Un halo puissant, une source incroyablement bonne qui descend des cieux et fait apparaitre Garresh, entièrement guéri.
Quand un dieu vous aime à ce point là, c'est que vous êtes sacrément béni. Je jalouserais presque Garresh sur le coup, là, tiens. Surtout que Garresh est revenu comme s'il avait prévu pile le sort qu'il fallait pour nous sortir de là : vent divin. Une magnifique démonstration d'un des voiles de Mystra qui nous emporte, tous transformés en courant d'air à travers les conduits d'aération de la crypte vers le soleil et la liberté.
Je me suis permis un petit moment de panache au sortir de l'enfer, retourner seul à la guilde des voleurs pour signifier au garde de la porte que si son maître voulait récupérer son livre, c'était la modique somme de deux millions. Un bluff tactique pour que ce denier croit que la raison de notre visite était de voler son artefact plutôt que de le tuer (ce qui le pousserait à se méfier beaucoup plus).
En sortant de la ville, nous avons conclu qu'il nous fallait nous rendre dans la forêt détruite par le dragon pour y trouver le cercueil de "Chauve-Souris" afin de l'empêcher une fois qu'on l'aura tué de se reconstituer. Cet emplacement fut révélé à Garresh par Lathandre.
Pas rien, je vous dis, d'être aimé d'un Dieu. Bon, bien sûr, en échange, Garresh a une sorte de dette morale, qu'on appelle "quête" en langage d'initié, qui l'oblige à cesser toute affaire courante pour s'occuper de "Chauve-Souris" et du Livre de la Noire Vilénie.
Ceci dit, vu ce que nous avons souffert et qui est cette créature, nous sommes tous tombés d'accord pour suivre Garresh. Ceci sans compter que nous aurons Selaque à rejoindre sur le chemin et sans doute l'aide d'un autre compagnon.
Ouf.
C'était long, hein, cette fois mon oncle ?
Oui, mais qu'est-ce que tu veux... Il y a quand même quelque chose de la tragédie dans ces combats contre les morts-vivants où à chaque fois nous perdons un membre de notre équipe.
Et il y a matière à réflexion.
Selaque, Gaël et Garresh sont déjà morts une fois. Rayan, deux. Et tous ont eu la possibilité de revenir à la vie grâce aux circonstances du Destin. Les circonstances du Destin ou l'œil de certains Dieux posés sur nous d'ailleurs ?
Parce que je ne peux m'empêcher de penser maintenant que nous sommes extrêmement favorisés par rapport au commun des mortels. Nous apprenons vite et parfois même plus de choses que nous n'aurions dû apprendre. Nous sommes toujours tous là, excepté Gaël qui a préféré rester dans le royaume des morts.
Qu'est-ce qui est en marche ? Quels fils sont en ce moment tissés pour nous amener vers quelle destination ?
Je ne peux pas croire au simple hasard, ni à la chance. Il y a une volonté derrière tout ça, et j'ai même la sensation d'une sorte de boucle, comme si nous reproduisions un schéma déjà vécu par d'autres. D'autres qui auraient connu l'ascension et auraient pu devenir des Puissances, à défaut de Dieux.
Et c'est le fruit de cette réflexion, plus ce que j'éprouve pour Minuit qui me pousse à me dire que si je venais à mourir et qu'on cherchait à me ramener, j'accepterais peut-être de le faire - sans compter que ça serait l'occasion d'expérimenter de nouvelles sensations.
Oh bon sang. J'espère pourtant que je n'aurais pas à mourir. Ce n'est pas tant que je craigne la mort que le fait de n'avoir pas pu accomplir tout ce que j'avais à accomplir. Quatre chemins à mener de front, c'est long, c'est dur et ça ne fait certainement pas de vous quelqu'un d'aussi capable qu'un spécialiste.
Prends soin de toi mon oncle. Où et qui que tu sois. Embrasse ma grand-mère pour moi.
Et prends soi de toi aussi "Minuit" qui sait maintenant un peu plus qui je suis...
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