Il arrive un temps où l'on se regarde en face, mon oncle et où l'on a envie d'apprendre à se connaître.
Depuis quelques jours, je sens un changement en moi. Comment te décrire de la manière la plus précise ce qui m'arrive ?
Imagine des fourmillements dans les bras, les genoux, les mains, parfois sur les flancs. Imagine des petits cristaux charriés par mon sang, la matérialisation de mon pouvoir. Imagine parfois la douleur lorsque les cristaux emportent avec eux toutes les mauvaises énergies pour me purifier.
Imagine aussi comment mes mains chauffent, brûlent ou deviennent parfois gelées lorsque je concentre l'énergie de ces cristaux pour soigner ou pourfendre ceux qui sont marqués par le mal.
Les derniers jours n'ont pas été tristes, mon oncle.
Nous avons rencontrés une créature des bois, une sorte de pixie, je crois, qui nous a aidé à nous débarrassé de nouveaux agresseurs (dont des satyres, ce qui a permis à Rayan, une fois ces derniers défaits de pouvoir récupérer une flute de Pan).
Nous avons évité de tuer un ours sanguinaire.
Nous avons été emmené devant un conseil de druides qui nous ont narré leurs inquiétudes en ce qui concerne le camp elfe. Les choses débordent vraiment et le coeur des elfes a réellement été corrompu par le mal. La nature de ce mal m'est pour l'instant inconnue, mais je ne doute pas que quelques sombres espions du malin aient su travailler de l'intérieur pour transformer les elfes et dessécher leur âme.
Il y avait parmi le conseil un des gens des Sang-de-Lune. Il m'a dit à quel point la nature de l'Ours pouvait être en chaque membre du clan.
Et nous avons décidé de nous reposer un peu.
Pendant le séjour, chez les druide, cela dit, mon oncle, mes objectifs sont assez variés :
- En apprendre plus sur ce que c'est de venir des bois (à l'origine, si tu te souviens bien, je me tâtais à suivre quatre voies : moine, paladin, druide et mage). Je n'ai vraiment pas la sensation d'être une créature des bois, vois-tu. La seule chose qui me connecte à l'univers des druides, c'est l'ours en moi. Et je me demande si c'est bien juste, si on ne m'a pas volé le rapport que j'aurais dû entretenir avec la nature.
Peut-être que tous ces picotements, ces douleurs, cette énergie qui circule a quelque chose à voir avec l'éveil d'un pouvoir dans les bois, je ne sais pas.
- Poser des questions sur ma mère. Je sais que mon père était paladin demi-elfe demi-tribu de l'ours, mais ma mère, celle qui vint un jour et qui repartit, est-ce que certains l'ont connue ? Est-ce qu'ils sauraient me dire qui elle était. Quel était son visage... Tu n'as jamais su répondre à ces questions, étrangement, comme si tu ne l'avais jamais vue.
- Répondre à l'appel du métal et de la création. Ces picotements, cette énergie, c'est peut-être tout simplement la magie qui bouillonne en moi et qui ne demande qu'à s'exprimer. Je vais demander aux druides si je peux avoir accès à une possibilité de feu magique pour tenter de réaliser un diadème ou une couronne un peu solaire pour Garresh, une serpe pour Silaque, un long couteau elfique pour Sélestiel, un petit dragon gravé pour Swify et une lame de meilleure qualité pour inciter Rayan à aller de temps en temps au contact.
Si j'ai le temps, j'aimerais bien avoir la possibilité de me forger la même arme qu'utilise Tyr, l'épée longue.
Tu vois, mon oncle, plus le temps passe, plus je regrettais de ne pas avoir assez de temps pour pratiquer le chant, la poésie ou la danse. Plus je découvre en fait que j'ai besoin de créer, de transformer, de comprendre le processus de création de quelque chose qui pourrait acquérir une légende ou de la magie. Peut-être parce que je suis une création moi aussi.
Les nuits sont douces, les arbres sont protecteurs, nul ombre ne vient peser sur nous, c'est la première fois depuis que j'ai rencontré mes compagnons que je me sens en sécurité. Je comprends pourquoi les druides protègent la forêt. Les arbres sont la cathédrale du vivant, mon oncle. Aucun édifice construit par l'homme ou même par la magie ne saurait égaler la beauté, la majesté et le fluide qui baignent les forêts primaires et pures.
Je dois te laisser mon oncle, les bruits et les échos de la forge résonnent déjà en moi, ma main me démange, mes genoux flagellent un peu sous la douleur de cette vague d'énergie que je ressens en moi et qui ne demande qu'à s'exprimer pour m'aider à devenir un homme plus grand encore.
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