Savais-tu, mon oncle, que lorsque je brûle ces messages que je t'envoie, j'ai parfois des signes, j'ai parfois des visions. Je me vois, dans le futur, dans cette cité en forme d'anneau, dans cette auberge, me retournant sur mon passé et les choix que j'ai faits.
Est-ce en partie dû à ma nature ?
J'ai appris depuis peu que ma nature n'était pas, pour le commun des mortels, celle d'un humanoïde, mon oncle.
Non, je suis considéré comme une "aberration", tu entends ? Une aberration...
Et là, je te demande...
Qu'est-ce que cela implique pour les ombres qui règnent dans mes ombres ?
Comment puis-je faire la lumière en moi alors que ce mot semble entâché de l'empreinte des ténèbres ?
Je ne suis pas un spécialiste des choses et des créatures.
Je n'ai pas suivi quatre voies. Celle de la prêtrise et de la magie me manquent pour être complet, pour être en harmonie avec tout ce qui fait mes origines.
Des origines que j'ai pu un peu tracées la dernière fois.
Nous sommes descendus dans les ténèbres, nous sommes descendus dans les enfers des profondeurs où mon grand-père descendit pour repousser les engeances vomies par les boyaux de la terre.
Nous avons rencontrés des nains. Sept nains. Deux d'entre-eux se détachaient du lot. L'un s'appelait Krak. Un solide guerrier, capable d'être très discret.
Leur chef s'appelait Mordar Brise-Crânes. Plusieurs d'entre-eux servaient Amseth, un dieu nain liés aux domaines de la guerre, de l'alcool, de la force et des voyages.
Leur roi s'appelait Torel, fils de Bofin, de la famille des Brise-Crânes.
Mais pourquoi est-ce que je te parle d'eux au passé ? Ils sont toujours vivants. Ils sont toujours en lutte contre certains de leurs voisins des profondeurs.
En fait, ils nous ont remercié pour avoir détruit l'engeance qui régnait en surface, l'elfe-araignée, ils se sont méfiés un peu de nous parce qu'on était avec un ogre, une créature qu'ils combattent car elle est souvent esclave de tribus de duergars. Ils nous ont invités à célébrer leur dieux joyeux au cours d'un repas arrosé pendant que Garresh faisait plus ou moins contrition le temps de rencontrer le roi.
Le roi nous a reconnus en tant qu'aventuriers, même Garresh. Et il s'est fendu de nous donner une mission : passer par derrière lors d'une attaque dirigée sur une cité de duergars.
Ce que nous avons faits. Nous n'étions pas accompagnés dans les profondeurs par Célestiel du fait d'une animosité assez réciproque entre les elfes et les nains. Une animosité qui m'échappe. Le combat fut donc différent. J'ai opté pour une technique qui me semble parfaitement évidente en temps de conflit et pour limiter des pertes inutiles : tuer le chef, faire peur aux suivants en exposant la tête du premier. L'ogre mage qui dirigeait les ogres esclaves de la cité se sont très vite rendus quand ils m'ont vu exposer la tête de leur chef.
Je n'ai pas vraiment eu le temps de réfléchir au fait que je venais de tuer seulement pour la deuxième fois depuis que je me suis mis en aventure. Tuer une personne pour éviter un carnage, c'est ce que j'avais trouvé de plus juste, même possédé par l'ours.
Ah mon oncle, je m'aperçois que je ne te raconte certainement pas tout ce qui nous est arrivé. Le voyage dans les profondeurs, la découverte d'une magnifique cité forgée par des experts des profondeurs, les recherches dans une bibliothèque au sujet de ce qui m'est arrivé à Célestiel, Silaque et moi ou des exploits que mon grand-père put accomplir.
Je ne t'ai pas parlé de notre ennemi, ce tyrannoeil qui attend dans les profondeurs qu'un jour, peut-être nous revenions vers lui.
Je n'ai pas exprimé mes doutes concernant le futur. Est-ce que je suis la bonne voie ?
Je crois que oui, j'essaie de me verser de plus en plus dans les arts de la diplomatie. Avec le temps, tu sais aussi qu'on renforce une partie de sa personnalité ou de son corps... J'ai choisi la sphère sociale. Mais je doute que mes talents sociaux pourront me servir tout le temps. Je ne suis pas certain de pouvoir toujours tempérer tous ceux de mon groupe, il faut dire que certains n'ont pas reçu mes talents pour garder mon calme.
Ceci dit, mon oncle, de quoi serait faite la vie si tout était certitude, si on avait pas de doute ? Hein ?
J'espère encore une fois que ces mots par delà la lumière et les cendres te parviendront où que tu te tiennes, même dans cette cité, loin là-bas, en forme d'anneau qui vibre au milieu de tout ce qui se rencontre dans les plans.
Dans les ombres règnent d'autres ombres. J'en suis peut-être une. Mais qui a dit qu'une ombre était forcément quelque chose lié aux enfers et au mal.
Certains des plus beaux poèmes ont été inspiré par les lumières et les ombres projetées par la Lune...
Et c'est dans l'ombre qu'on apprend aussi à connaître ses démons et à mieux les vaincre pour se mettre en lumière.
A la prochaine fois, mon oncle...
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