Chère mère...
Voilà déjà un moment que je ne t'ai
pas écrit.
J'espère que les cieux d'Absalom te
sont toujours aussi cléments et que vous trouvez du sens dans cette
quête que vous menez à la société des explorateurs avec père.
J'espère que père va bien. Il est
parti dans des îles, m'avez-vous dit la dernière fois pour aider à
déchiffrer des runes et combattre les gardiens d'un vieux temple.
Mais quand est-ce qu'il se rangera le bougre ?
Je vous écris pour vous indiquer
qu'enfin, après plusieurs années d'errance, en quête de vengeance
après ce qui m'était arrivé à l'université, j'ai eu l'occasion
de me poser et de parfaire l'enseignement qui aurait dû être mien.
Je ne saurais te remercier assez de
m'avoir rapproché de la société des hommes. Enfin... Du coup, je
ne me suis jamais senti vraiment elfe. J'ai toujours vécu parmi les
hommes et la seule femme que j'avais aimée d'un amour débordant fut
Yshent, une sang mêlée comme moi.
C'est avec la fille du professeur
Lorrimor que j'ai parfait mon enseignement. Une jeune femme
responsable et déterminée mais qui ne semble pas à même de
vouloir prendre le cours des aventures.
C'est dommage, ça aurait pu soigner le trouble dans mon esprit.
Je sais que tu m'as déjà parlé de cette chimère, Yshent, anagramme de Néthys, désir désarmant et puissant de pratiquer comme il se doit la magie.
C'est dommage, ça aurait pu soigner le trouble dans mon esprit.
Je sais que tu m'as déjà parlé de cette chimère, Yshent, anagramme de Néthys, désir désarmant et puissant de pratiquer comme il se doit la magie.
Je suis désolé de n'avoir pu prendre
la voie de père. Mais il ne semble pas que je sois aussi prédisposé
pour l'épée que pour la magie.
Si les morts-vivants que j'ai affrontés
ne m'ont pas posé de soucis, c'est grâce à la bénédiction de
Sarenraë. Mais il a suffi d'un couple de villageois, de leur fille
et de quelques striges pour me faire tomber lamentablement et me
conduire au cercle de sacrifice où j'allais être consacré à un de
ces Dieux obscurs qui peuplent par trop les landes et les campagnes.
Je me suis tâté, sais-tu, à prendre
ta voie, celle de la transmutation. Elle me semblait assez claire, au
départ, avec les cartes que je dois tirer chaque matin et qui
provoquent cet étrange changement en moi. Mais Kendra est devin,
l'autre voie qui me plaisait aussi et il m'a semblé plus naturel de
parfaire l'enseignement dans cette direction.
Deux fois que je la mentionne. Tu
caresses peut-être l'espoir que je ne me serve pas d'un serviteur
invisible comme objet de mes fantasmes et de ma chimère et que je ne
continue pas cette relation que le professeur Lorrimor a qualifié de
chimérique.
Mais on ne séduit pas une jeune femme
qui vient de perdre son père dans des circonstances tragiques, tout
comme on ne séduit pas des compagnons d'aventure qui ne sont pas
portés sur les choses de la romance.
Je ne te l'ai pas dit, mais le destin a
été étrange quand même, il a placé trois elfes sur mon chemin,
une roublarde, une paladine et une druidesse...
C'est ce qui me fait écrire cette
lettre. Je pensais que ceux de ta race étaient moins versatiles...
Je n'avais jamais imaginé en rencontrer autant. Est-ce que les
femmes, chez nous, enfin chez toi ont plus ce goût de l'aventure ?
Je sais que vous n'êtes pas si
nombreux à avoir quitter le giron de nos forêts paradisiaques. Et
les seules quatre elfes que j'ai appris à connaître, ce sont ces
compagnes et toi, mère.
Je m'interroge, de fait, sur le regard
que ces femmes peuvent porter sur les hommes, plus éphémères et
comment celles-ci peuvent être attirées dans des directions si
opposées...
Il me semblait que nous étions avant
tout créatures de magie. Mais non. La plus magicienne des trois
elfes de notre groupe, celle dont je me sens le plus proche, est en
fait un peu comme moi, une hybride qui se remarque moins, avec sans
doute un père elfe qui doit avoir un grain dans le ciboulot.
Je lui au promis de ne pas révéler le
secret de ses origines, qu'elle m'a confié un soir de beuverie,
aussi ne vais-je pas rentrer dans plus de détails...
Ne t'inquiètes pas chère maman, je
sais que tu sais lire entre les lignes et voir que ton fils est un
peu troublé par ces dernières années et les dernières aventures
qu'il a vécues.
Nettoyer une prison corrompue par le
mal et dominée par les morts-vivants était juste.
Mais se retrouver prisonnier, attendre
allongé plusieurs heures le sacrifice m'a fait reconsidérer
certaines choses.
Je peux t'assurer qu'allongé, là, au
sol, je n'ai pas failli. C'est la force de posséder la Foi qui te
donne l'assurance que la mort n'est qu'un passage pour rejoindre ton
Dieu.
Mais je me suis tout de même posé la
question. Et si je n'avais pas été choisi, où serais-je allé ?
Où ? Pas dans la direction de la vénération des dieux elfes.
Ni toi, ni moi n'avons vraiment abordé le sujet.
Où ?
Néthys, bien entendu.
Attaché, allongé, je n'ai eu de cesse
de penser que si j'avais été comme père, je me serais mieux
défendu et que si j'avais été comme toi, j'aurais eu un familier,
qui aurait pu tenter de me détacher.
A propos de familier, comment va le
chat ?
Toujours aussi gros et curieux ?
Ah. Tu te poses la question.
Non, je n'ai pas obtenu un chat. C'est
un corbeau qui est venu. Mais dans un endroit qui s'appelle « Les
landes du corbeau » (Ravenmoo), aussi, à quoi pouvais-je donc
m'attendre. Je l'ai appelée « Princesse » par
auto-dérision parce que je me suis fait la sensation d'être la
princesse que mes compagnons devaient délivrer.
Mais enfin...
Je prends surtout la plume pour parler
du cas d'un autre de mes compagnons. Le compagnon nain, lui, ne pose
pas de souci, tu sais à quel point j'ai toujours été ami ou attiré
par les jeunes gens de cette race quand j'étais petit, j'aimais les
protéger.
Non, il s'agit d'un camarade qui
manifeste des talents de sorcier et d'oracle et qui est touché par
une bénédiction de Pharasma qui lui décompose la chair, ce qui est
sans doute lié à sa nature étrange : sa mère a été mordue
par un vampire alors qu'elle était enceinte et l'enfant est né avec
quelques dons étranges et une très bizarre relation avec l'énergie
négative.
Est-ce qu'on peut soigner l'apparence
de personnages victimes de ce double coup du sort ?
Je n'ai aucun talent dans la magie
d'enchantement ou d'illusion malheureusement et je ne pourrais pas
l'aider pour dissimuler son apparence, comme ce qu'un de mes pauvres
sorts d'inquisiteur permet de faire à moi, et moi seulement.
Je n'ai pas vraiment d'inquiétude pour
mes autres compagnons, sauf si le secret de notre druidesse venait à
être révélé. Mais ce jeune homme m'inquiète un peu. Je sais que
les oracles sont bénis et qu'ils reçoivent une sorte de
malédiction, tous, dans laquelle ils puisent la force d'être plus
forts.
Mais si tu as déjà entendu parler de
cette bénédiction particulière de Pharasma, peut-être peux-tu me
dire à quoi nous attendre ou m'aider en m'indiquant où acheter des
parchemins lui permettant temporairement lorsque ce sera utile
d'apparaître plus normal.
Par ailleurs, il m'a été rapporté
qu'il peut se guérir en se nourrissant du sang de cadavres, c'est un
peu perturbant... bien que j'ai entendu parler d'un sort de
divination de second cercle qui ferait éventuellement appel à un
tel rite.
Enfin, voilà... S'il y a la moindre
chose que je puisse faire pour l'aider ou acquérir plus de
connaissances à ce sujet, je te prie de m'envoyer l'adresse de
quelques contacts que tu pourrais avoir éventuellement par le
truchement de la société des explorateurs dans la région où je me
trouve.
Quant au groupe que nous formons, nous
avons encore quelques petites choses à accomplir, notamment livrer
des ouvrages qui appartenaient au professeur. J'ai pris toute
l'aventure comme un signe pour reprendre la magie. Les elfes dans le
groupe m'ont fait penser à toi, le professeur qui aurait dû
m'éduquer la magie, sa fille qui était disponible, un temple de
Néthys que nous avons consacré à nouveau au début de nos
aventures. D'aucuns pourraient penser que je suis un personnage
dispersé, perdu.
Chaque matin, lorsque je tire la carte
remise par Yshent, je suis perdu.
Mais je ne suis plus seul.
Ah oui.
Pourrais-tu m'aider à estimer le coût
d'un sac sans fond ?
C'est clairement l'objet le plus utile
dont je dois faire l'acquisition rapidement. Parce que je n'aurais
jamais assez de place pour transporter mon équipement. Ça va me
faire bizarre de quitter l'armure dans un premier temps.
Mais peut-être que cette
« bizarrerie » sera la marque d'un sentiment de liberté ?
Bien à toi, ton fils.
Lorec...
PS : sais-tu si la société des
explorateurs accepte des groupes déjà constitués ? Je me dis
que ça pourrait être un bon futur pour nous. Pas tout de suite...
Certains de mes compagnons n'ont pas encore le profil. Mais sait-on
jamais...
Je te répondai sur mon propre blog, vieux bougre !
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